Close

Vincent Bolloré, parrain d’une alliance entre droite et extrême droite

Vincent Bolloré, lors de l’assemblée générale de l’entreprise Vivendi, à Paris, le 19 avril 2018.

La rencontre entre Emmanuel Macron et Vincent Bolloré a eu lieu à l’Elysée, à la mi-septembre. Le rendez-vous, absent de l’agenda officiel et resté secret à ce jour, est presque un événement, tant l’industriel et le président de la République s’entendent mal. Nicolas Sarkozy avait bien tenté de les réconcilier à plusieurs reprises, ces trois dernières années. En vain. Mais, cette fois, les deux hommes ont besoin l’un de l’autre et ils ont décidé de mettre un mouchoir sur leur inimitié.

Après dix années consacrées à asseoir son contrôle sur Vivendi, puissant groupe de médias et de communication (Canal+, Havas, Editis– racheté par Daniel Kretinsky), et désormais à faire fructifier sa propre fortune, Vincent Bolloré a une affaire financière à régler. Vivendi est en effet soupçonnée par la Commission européenne d’avoir mis en œuvre le récent rachat du groupe Lagardère sans attendre son feu vert, et fait l’objet d’une enquête formelle qui pourrait se conclure par une amende à hauteur de 10 % du chiffre d’affaires de la société. L’homme d’affaires se prend parfois à rêver que le chef de l’Etat français pourrait plaider en sa faveur auprès de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. Cette invitation à l’Elysée ne peut pas nuire à son dossier.

Du côté d’Emmanuel Macron, est-ce seulement le grand patron qui a été convié ? Ou ce magnat des médias désormais si politiquement influent qu’il pourrait empoisonner la fin de son mandat présidentiel ? Depuis qu’il a réorienté son groupe vers la télé, la radio et l’édition, le milliardaire est devenu un puissant faiseur d’opinion. Chaque jour, les talk-shows de CNews – un aréopage très masculin qui s’insurge contre l’immigration, l’insécurité et le déclin de l’autorité – imposent leurs obsessions, souvent les mêmes que l’extrême droite, dictant l’agenda politique et les débats. Sur ses plateaux télé, élus de droite et d’extrême droite mêlent leurs voix, de plus en plus difficiles à distinguer, tombant souvent d’accord. Ils se sont entendus pour de bon, mardi 19 décembre, dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, pour voter la loi « immigration », qui a ouvert une crise politique dans le camp présidentiel.

Discrètes consultations

Les tentatives d’Emmanuel Macron pour gouverner avec les seuls membres du parti Les Républicains (LR), Bolloré les croit sans avenir. A Eric Ciotti, le président de LR, qu’il juge « bien plus réaliste que la plupart des chefs de la droite », Bolloré a confié son scepticisme à l’égard d’une éventuelle alliance entre LR et les macronistes, longtemps encouragée par Nicolas Sarkozy lui-même. L’ancien chef de l’Etat a rêvé de voir la droite récupérer cet électorat centriste : « Le parti macroniste est une coquille vide, il n’y a personne là-dedans », répète-t-il souvent, imaginant même que son ancienne ministre de l’économie, désormais présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, pourrait diriger cette coalition républicano-macroniste pour l’emporter en 2027.

Il vous reste 90% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top