Close

A court d’argent, Deutsche Bahn met en vente sa filiale logistique DB Schenker

Un camion de la société de logistique allemande Schenker, filiale de l’opérateur ferroviaire Deutsche Bahn, sur le terrain de Schenker, à Lohfelden, près de Kassel (Allemagne), en août 2011.

L’idée était en discussion depuis des mois, la crise budgétaire a forcé Berlin à accélérer : la Deutsche Bahn (DB), propriété à 100 % de l’Etat fédéral allemand, a annoncé, mardi 19 décembre, son intention de céder sa filiale DB Schenker, spécialisée dans la logistique. Berlin pourrait tirer jusqu’à 15 milliards d’euros (l’agence Reuters avance même une cession potentielle à 20 milliards d’euros) de la vente de la seule activité rentable de la compagnie ferroviaire allemande. De l’argent dont elle a désespérément besoin : les 40 milliards d’euros prévus par Berlin pour moderniser DB sont sur la sellette depuis qu’un arrêt de la Cour constitutionnelle du 15 novembre a censuré un fonds spécial hors budget, qui devait notamment financer la rénovation du réseau ferré, en souffrance depuis des années.

DB a fait paraître, mardi matin, une annonce dans le Wall Street Journal annonçant un processus de vente « ouvert, transparent et non discriminatoire ». Dans un communiqué, la compagnie précise que « la condition pour une vente est qu’elle soit clairement avantageuse pour la Deutsche Bahn sur le plan économique, à tous points de vue ». Cela signifie en principe que tout acheteur, même étranger, est en droit de faire une offre. En réalité, le processus promet d’être hautement politique. Mi-décembre, l’information selon laquelle un fonds d’investissement émirati était intéressé a suscité de fortes protestations au sein de l’exécutif.

Vendre un groupe logistique de cette importance à l’étranger est en effet délicat : Schenker, qui emploie plus de 75 000 personnes pour un chiffre d’affaires de 27,5 milliards d’euros, est notamment impliqué dans les transports de matériel de la Bundeswehr et de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord. Le groupe est aussi un acteur incontournable du système d’exportation allemand, prestataire d’entreprises de taille moyenne très dépendantes des livraisons internationales. Alors que les risques géopolitiques pèsent de plus en plus sur les échanges mondiaux, Schenker pourrait être considéré comme un acteur « systémique », indispensable à la sécurité du pays. L’argument ne fait pas l’unanimité : les activités les plus sensibles de Schenker ont été déjà transférées à Cargo, la filiale fret de la Deutsche Bahn, avancent des membres de l’exécutif cités par la presse allemande.

Néanmoins, le gouvernement semble privilégier une solution européenne. DHL, successeur de la poste allemande et également spécialisé dans la logistique, a été évoqué comme possible repreneur de Schenker. D’autres concurrents dans le secteur ont manifesté leur intérêt, comme les danois DSV et Maersk. Plusieurs fonds de capital-investissement (private-equity) sont également sur les rangs. Les fonds Carlyle et CVC se sont alliés pour faire une offre, ainsi qu’Advent, Bain Capital et surtout le groupe Blackstone. L’option d’une mise en Bourse est également envisagée, bien que le contexte difficile rende cette solution peu probable.

Il vous reste 50% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top