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Politique de la recherche : « La pyramide est “la” forme par laquelle toute connaissance se structure, se transmet et progresse »

Vers la fin de la Ve dynastie, le grand A’kron qui régnait sur son pays voulut, comme un trop grand nombre de ses camarades pharaons qui l’avaient précédé, laisser une trace dans l’histoire. L’époque n’étant plus aux hauts faits militaires qui avaient permis au général Ramsès de s’assurer une confortable et facile renommée, il fallut faire preuve d’inventivité. Une première tentative, la fondation d’une académie à Rosette pour la sauvegarde du hiéroglyphe et la lutte contre le gravage inclusif, passa pour ainsi dire temporairement inaperçue.

Un soir, comme A’kron méditait tristement ce semi-échec sur la terrasse de son palais pharaonesque, son attention fut attirée par des lueurs qui pointaient au sommet des pyramides voisines. Il appela son conseiller scientifique pour lui demander l’origine de ce mystère : « Serait-ce un effet quantique ? » (un effet de mode avait promu depuis peu cet adjectif comme réponse définitive aux mystères pour lesquels on n’avait en fait aucune explication satisfaisante). Le conseiller détrompa prudemment le pharaon, car il s’agissait uniquement des plus grands savants du royaume, qui avaient pris l’habitude de s’en aller méditer et travailler sur les plates-formes sommitales de ces constructions hors d’âge et, faut-il le dire, passablement ringardes. « Qu’on me fasse venir ces savants-là », ordonna A’kron, mû par une intuition soudaine.

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Ce qui fut fait avec diligence, et l’on vit, le second soir, A’kron entouré d’un cénacle choisi des plus grands scientifiques, légèrement surpris de se retrouver ensemble en présence du fils de Rê lui-même. « J’ai besoin de vous pour guider mon royaume », leur dit-il. Devant un certain manque d’enthousiasme de ses interlocuteurs, le pharaon A’kron poursuivit : « Vous serez à l’aise ici, les coupes de vos tables toujours remplies de fruits, à l’abri du vent et du froid de la nuit. Et ces pyramides sont de toute façon complètement démodées. » Les visiteurs du soir tentèrent d’expliquer au monarque que ces pyramides étaient sources d’inspiration, car elles leur permettaient de ne jamais oublier que les plus hauts sommets reposent toujours sur une base d’autant plus large qu’ils s’approchent plus près du ciel.

Annulation de crédits

Une dispute philosophique s’ensuivit, le grand A’kron rétorquant qu’à Alexandrie la mode était désormais aux tours, et que le nouveau phare montait bien plus haut que leurs pyramides, avec une énorme économie de matière première, une rationalisation drastique des coûts de main-d’œuvre, et durerait probablement bien plus longtemps que ces gros pâtés qui commençaient déjà à partir en morceaux.

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