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François Hollande : « Le président Macron et le gouvernement n’ont pas pris les voix du Front national. Ils ont pris ses idées »

L’ancien président de la République socialiste François Hollande (2012-2017), dans son bureau à Paris, au lendemain de l'annonce de l'adoption de la loi « immigration », le 20 décembre 2023.

L’ancien président de la République socialiste (2012-2017), qui avait annoncé en 2015 l’extension de la déchéance de nationalité aux binationaux coupables de crime terroriste, avant d’y renoncer face à la fracturation du pays, estime qu’« avec cette loi, nous rentrons insidieusement dans la préférence nationale ».

Le projet de loi « immigration » a été voté mardi soir. Emmanuel Macron, qui redoutait la paralysie de son mandat, peut-il crier victoire ?

C’est une défaite pour la République. Quand un texte est voté avec des mesures contraires à la Constitution, il ne peut pas être regardé comme un progrès. Quand, sur des principes fondamentaux, la famille Le Pen considère avoir remporté une victoire idéologique, cela ne peut pas être une victoire. Quand une majorité se fracture, et quand un gouvernement est traversé par des haut-le-cœur, cette conclusion ne peut pas être un triomphe pour le président de la République. Enfin, et c’est le plus grave, quand des électeurs de bonne foi – et j’en ai fait partie – ont voté pour Emmanuel Macron afin d’écarter le Rassemblement national [RN] au second tour de l’élection présidentielle constatent que des propositions de ce parti sont maintenant des lois de la République, c’est une humiliation.

Que le RN, qui a lui-même tergiversé et manipulé, veuille se parer des plumes du paon, c’est évident. Mais après avoir poussé pendant des décennies le concept de préférence nationale, le RN a incontestablement, ici, remporté la mise. Je veux bien acter que le président Macron et le gouvernement n’ont pas pris les voix du Front national [FN]. Mais ils ont pris ses idées.

Qu’est-ce que ce texte a de si choquant ?

Avec les différenciations selon la nationalité introduites [dans la loi] pour les aides au logement [APL] et les prestations familiales [versées après cinq ans de résidence en France aux étrangers non européens qui ne sont pas en emploi, et sans délai aux Français qui ne travaillent pas], c’est un verrou qui a sauté. Une loi sur l’immigration est légitime quand il s’agit d’améliorer certaines dispositions sur les régularisations, de corriger certains défauts sur les reconduites à la frontière. Mais l’intention initiale – présenter un texte équilibré – a été perdue. Aujourd’hui, c’est un texte écrit sous la dictée de la droite des Républicains [LR], elle-même sous l’influence du RN. Voilà le résultat. Ce glissement politique, juridique et moral ne fait que conforter la prétention de Marine Le Pen à succéder à Emmanuel Macron.

L’opinion, en France, n’attend-elle pas de telles mesures ?

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