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Projet de loi « immigration » : Emmanuel Macron entre la menace d’une droitisation et le risque de paralysie

Emmanuel Macron à l’issue d’un sommet de l’Union européenne, à Bruxelles, le 15 décembre 2023.

Comme spectateur de son propre destin, Emmanuel Macron, malmené par un Parlement hostile, a suivi à distance les dernières tractations menées par sa première ministre, Elisabeth Borne, pour sortir son quinquennat de l’impasse, dimanche 17 décembre. Irrité par le défi que lui a lancé, une semaine plus tôt, l’opposition, qui s’est unie contre lui pour voter une motion de rejet du projet de loi « immigration », l’un des textes les plus importants de son second mandat, le chef de l’Etat était décrit par l’un de ses confidents comme « déterminé » à ne pas « se laisser absorber par la fatalité ou l’immobilisme ».

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Lundi, quatorze députés et sénateurs de tous bords politiques doivent décider, à huis clos, du sort de ce texte sur l’immigration, crucial pour l’exécutif. Si cette commission mixte paritaire (CMP) transpartisane devait aboutir à un accord – et être « conclusive » –, un premier obstacle serait franchi, ouvrant tous les espoirs pour le vote final, le lendemain, au Sénat et à l’Assemblée nationale. Mais quelles concessions la Macronie aura-t-elle faites aux Républicains (LR), en position de force au sein de la CMP, pour arracher cet accord ?

Emmanuel Macron pourra-t-il encore se revendiquer du « dépassement politique » si la copie finale est, comme le redoutent certains, une version bien plus droitière que le projet initial du gouvernement ? L’exécutif renoncera-t-il à ses valeurs en flirtant avec le concept de préférence nationale, chéri par une partie de la droite et par toute l’extrême droite ? La réussite pourrait avoir un goût amer. « En cas d’accord, il faudra veiller à ce qu’il n’y ait pas trop de rancœur », prévient Clément Beaune, ministre des transports, qui se revendique de l’aile gauche du gouvernement.

« Un compromis, ça coûte »

Lors d’ultimes tractations, dimanche, orchestrées depuis l’hôtel de Matignon avec le patron des Républicains, Eric Ciotti, le chef des députés LR, Olivier Marleix, son homologue au Sénat, Bruno Retailleau, et la secrétaire générale du parti, Annie Genevard, la première ministre a tenté de tracer cette voie étroite qui permettrait d’amadouer la droite sans braquer l’aile gauche de sa majorité. « A ce stade, on ne peut pas parler d’accord », a lâché Eric Ciotti au sortir de la réunion.

Le chef des LR exige notamment que l’exécutif couche sur le papier, par courrier adressé au président du Sénat dès lundi, la promesse d’une réforme de l’aide médicale d’Etat pour les étrangers sans papiers début 2024. Les Républicains veulent aussi une réécriture de l’article 4 bis du projet de loi, qui permet une forme de régularisation des travailleurs sans papier. Une ligne rouge aux yeux de députés LR comme l’élu du Lot Aurélien Pradié. Côté gouvernement, Elisabeth Borne semblait, elle, confiante sur la possibilité de marier les points de vue d’ici à vingt-quatre heures, consciente qu’un camouflet sur le texte signerait, sans aucun doute, la fin de son bail à Matignon.

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