Quand elle rend visite à son frère installé au Danemark, Chiara Pellas prend systématiquement le train. Plus question, pour cette Parisienne de 26 ans, d’utiliser l’avion. « Oui, c’est plus long et ça me coûte un peu plus cher – je paie environ 300 euros l’aller-retour. Mais cela me permet de concilier ma conscience écologique et mon envie de voyager », affirme cette diplômée de CentraleSupélec.
Elle a testé des trajets, de nuit ou de jour, différentes possibilités de correspondances : « En passant par Hambourg [Allemagne], c’est ce qu’il y a de mieux. » Elle a même réussi à convaincre ses parents, pour Noël, à faire de même. « Ils ne font que l’aller, et ils reviendront en avion. Mais c’est déjà ça ! », lance cette jeune ingénieure, qui a décidé de consacrer sa vie professionnelle au train. En février, elle a lancé un site qui propose des itinéraires de voyages ferroviaires en Europe, baptisé « Mollow ».
Médias spécialisés, agences, influenceurs train, nouveaux comparateurs, guides de voyage… Tout un écosystème s’est développé depuis deux ans autour du voyage ferroviaire, envisagé comme l’antithèse d’un avion polluant. Des initiatives portées par des jeunes entrepreneurs, souvent diplômés de grandes écoles, ou par des collectivités, comme la région Occitanie qui développe un système pour encourager le tourisme en train – avec des propositions de circuits et d’activités combinées (train et kayak, par exemple).
Symboles de cette nouvelle époque : les 30 000 passes ferroviaires France Allemagne, distribués en juin aux Français de 18-27 ans, se sont arrachés en quelques heures ; le nombre de passes InterRail vendus en France, qui permettent de voyager en Europe de manière illimitée sur un certain nombre de jours, a connu une hausse de 127 % en 2022, par rapport à 2019. A cela s’ajoute la montée en puissance du programme DiscoverEU de la Commission européenne, qui offre des passes InterRail aux jeunes Français âgés de 18 ans (sur tirage au sort, environ 10 000 en 2023). De nouvelles offres voient le jour, comme l’Occitanie Rail Tour, un passe illimité à 10 euros par jour, lancé en 2023 à l’échelle de cette région, « et qui cible en priorité les jeunes Européens », explique Jean Pinard, directeur du comité régional du tourisme d’Occitanie.
Chez certains, voyager en train deviendrait ainsi un acte politique, sur lequel des ONG, comme Greenpeace, souhaitent s’appuyer. Dans cette organisation, une personne est spécifiquement chargée de promouvoir le train, à coups de campagnes de communication, de rapports, de guides et d’actions sur le terrain, parfois un peu cocasses. Par exemple, des militants sont envoyés sur des quais de gare pour accueillir avec salves d’applaudissements des voyageurs : les vidéos sont ensuite publiées sur les réseaux sociaux.
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