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Serge Klarsfeld, le chasseur de nazis qui n’a plus peur du RN

Serge Klarsfeld, chez lui, à Paris, le 5 décembre 2023.

Sur un mur, un plan du camp d’­Auschwitz-Birkenau. Sur un autre, une petite toile ensoleillée de Florence. Serge et Beate Klarsfeld aimaient passer des vacances dans la cité toscane quand ils ne traquaient pas d’anciens dignitaires nazis. Mais tout, dans les bureaux qu’ils occupent au rez-de-chaussée d’un immeuble du 8e arrondissement de Paris, raconte une vie consacrée à la mémoire des victimes de la Shoah.

Des exemplaires du Mémorial de la déportation des Juifs de France (1978), leur livre monument – il pèse 7 kilos –, côtoient ceux de l’autre montagne qu’ils ont érigée, le Mémorial des enfants juifs déportés de France (1995). L’un a été le premier à répertorier les noms des 74 182 juifs déportés de l’Hexagone, l’autre à rendre leur humanité, en retraçant leurs courtes existences, aux 11 400 enfants juifs de France morts dans les camps.

Serge Klarsfeld aurait pu être l’un d’entre eux si son père, Arno, ne s’était pas sacrifié en se rendant à la Gestapo, venue frapper à la porte de leur appartement niçois, la nuit du 30 septembre 1943. L’enfant était alors caché, avec sa mère et sa sœur, dans le double fond d’une armoire. Il avait 8 ans.

Le vieil homme en a aujourd’hui 88 et il se tient droit, assis dans son fauteuil en cuir. Son épouse, Beate, 84 ans, court d’un bout à l’autre de l’appartement pour guider, en cette fin du mois de novembre, le chauffagiste de passage. Des coupures de presse punaisées derrière Serge Klarsfeld rappellent ce qu’a été l’existence du couple depuis leur rencontre, un jour de 1960, sur le quai du métro Porte-de-Saint-Cloud : la gifle infligée par la jeune militante allemande, en 1968, au chancelier Kurt Georg Kiesinger, ancien responsable de la propagande radiophonique hitlérienne ; le procès d’ex-dignitaires du IIIe Reich à Cologne, en 1979, durant lequel l’avocat défendit les parties civiles ; la traque rocambolesque, en Bolivie, du « boucher de Lyon », Klaus Barbie, chef de la Gestapo dans la capitale des Gaules, condamné à la perpétuité par la justice française, en 1987 ; les multiples procès intentés – et gagnés – pour antisémitisme contre Jean-Marie Le Pen…

En 2022, faire barrage à Marine Le Pen

Une vie de roman, immortalisée par le téléfilm La Traque (2008), dans lequel Yvan Attal interprète le rôle de Serge Klarsfeld et dont l’affiche est placardée au mur, elle aussi. « Nous avons toujours, Beate et moi, combattu l’extrême droite antijuive », rappelle l’octogénaire d’une voix assurée. Le 16 avril 2022, le couple signait encore une tribune dans Libération pour appeler, lors de l’élection présidentielle, à faire barrage à Marine Le Pen, « fille du racisme et de l’antisémitisme ».

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