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Matières premières : « Rayon de soleil pour le miel »

Une ruche d’abeilles, à Saint-Philbert-sur-Risle (Eure), le 12 août 2023.

Cette année, les abeilles ont bien bataillé pour garnir les ruchers. L’hiver doux les a poussées à commencer leur activité avec précocité. Mais la sécheresse allait-elle limiter la ressource florale tant convoitée ? Dans le sud de la France, les miellées de garrigues, de romarin ou de thym ont un peu senti le sapin. Heureusement, à partir de la mi-mai, la pluie a redonné de la vigueur aux fleurs, pour le plus grand bonheur des collecteurs de miels de montagne, de tilleul, de ronce, de sarrasin ou de bruyère.

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Les butineuses ont donc engrangé un beau butin doré. Rayon de soleil pour le miel… Selon les estimations de l’Union nationale de l’apiculture française (UNAF), la production française de miel s’élèverait à environ 20 000 tonnes, soit un niveau supérieur à celle de 2022, estimée à 14 000 tonnes, et surtout bien au-delà des maigres 10 000 tonnes collectées en 2021, une année noire.

« Avec le bouleversement climatique, la production de miel devient très variable d’une année à l’autre, mais aussi d’une région à l’autre. Les plus productives, comme Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Occitanie et Rhône-Alpes sont les plus touchées par les aléas météorologiques », souligne Henri Clément, porte-parole de l’UNAF, qui incite les jeunes apiculteurs à ne pas mettre toutes leurs ruches dans le même pré. Lui-même a essaimé ses abeilles en Lozère, dans l’Hérault et dans l’Aude.

Créer un laboratoire de référence en Europe

S’il juge la récolte 2023 « correcte », M. Clément a un autre motif de satisfaction. En effet, les députés européens ont révisé la « directive miel », mardi 12 décembre, et voté un texte qui oblige à indiquer sur l’étiquette les pays d’origine du précieux nectar par ordre décroissant en fonction de leur proportion dans le pot, avec indication d’une fourchette de pourcentage. Un dispositif en vigueur en France depuis 2022, obtenu de haute lutte face à l’opposition de la société Michaud, qui conditionne de miels importés et mélangés vendus sous la marque Lune de Miel.

Les eurodéputés souhaitent également améliorer la traçabilité du miel et créer un laboratoire de référence en Europe afin de détecter les falsifications. Une enquête de la Commission européenne publiée en mars montrait que, sur 320 échantillons de miels importés contrôlés, près de la moitié dérogeait aux règles de l’Union, notamment par l’ajout de sirops de sucre destinés à faire chuter le coût de revient.

L’enjeu est vital pour les apiculteurs français. « Un miel importé est acheté par les conditionneurs 2,50 euros le kilo, contre 6 à 8 euros pour un miel français », précise M. Clément. « Des négociants français préfèrent se tourner massivement vers les miels d’importation, à un prix défiant toute concurrence », dénonce la Confédération paysanne, qui a organisé une mobilisation pour défendre les apiculteurs français dont le miel ne s’écoule plus. Elle ne manque pas de fustiger les « marges scandaleuses des négociants et des distributeurs », au détriment des consommateurs. Le miel importé est un bon « bzzness »…

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