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Bruno Le Maire sort du rang, face à une première ministre fragilisée

Bruno Le Maire à la sortie du conseil des ministres, dans la cour d’honneur de l’Elysée, à Paris, le 6 décembre 2023.

Lorsqu’il veut être entendu, Bruno Le Maire n’hésite pas à se répéter. Le projet de loi sur l’immigration ? « Fermeté, fermeté, fermeté », a-t-il souvent martelé ces dernières semaines. Mais au lendemain de l’adoption de la motion de rejet du texte à l’Assemblée nationale, lundi 11 décembre, le ministre de l’économie a appelé à l’unité une quinzaine de députés de la majorité invités à déjeuner au 6étage de Bercy. « Tous derrière Gérald [Darmanin, le ministre de l’intérieur], tous derrière Gérald, tous derrière Gérald », a-t-il insisté, devant un pavé de saumon servi aux convives dans la grande salle à manger surplombant la Seine, avant d’ajouter : « On se serre les coudes, personne ne doit sortir du rang. »

Dès mercredi 13 décembre, pourtant, il sortait du rang. « Nous sommes vaincus, il faut repartir du texte du Sénat [pour parvenir à un compromis acceptable avec la droite] », a-t-il déclaré devant quelques journalistes réunis pour la remise du prix du livre d’économie, alors que la première ministre, Elisabeth Borne, venait de recevoir les dirigeants du parti Les Républicains (LR). Des propos, rapportés par Le Figaro, qui ont aussitôt irrité la première ministre. « On en est où sur le 4,9 % [du PIB, le déficit public] ? », lui a-t-elle demandé par SMS, histoire de le rappeler à ses prérogatives, avant de le recadrer publiquement, jeudi 14 décembre, lors d’une réunion avec plusieurs membres du gouvernement.

« Je ne retire rien de ce que j’ai dit », a répondu celui-ci. « De toute façon, je serai à New York, je ne parlerai pas ce week-end », a-t-il ajouté, alors qu’il devait se rendre outre-Atlantique en fin de semaine, « pour rencontrer des grands investisseurs », selon son entourage. Dimanche 17 décembre, la première ministre doit, de son côté, réunir à nouveau les dirigeants de LR pour trouver un compromis sur le texte, avant la commission mixte paritaire, prévue lundi 18 décembre. Emmanuel Macron a appelé, vendredi 15 décembre au soir, depuis Bruxelles, à un « compromis intelligent » au nom de « l’intérêt général », précisant qu’il tirerait « les conséquences » du résultat des discussions en cours.

Des propositions « décoiffantes »

Jugée à contretemps, l’offensive du ministre a été moyennement appréciée dans la majorité et au sein du gouvernement, où certains ont craint qu’elle ne menace la cohésion de la majorité elle-même. Une « maladresse », selon un ministre, qui rappelle l’embarras de l’exécutif, lorsque Bruno Le Maire avait promis de déclarer une « guerre économique et financière totale » à la Russie en mars 2022. « Est-ce que cette intervention n’a pas fait bouger les lignes ?, défend-on à Bercy. Au moins, c’est un vrai geste envers les LR, qui l’ont bien accueilli. Son intervention aura peut-être permis de faire un petit pas. »

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