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Le dispositif La Touline, une bouée de sauvetage pour les enfants placés, livrés à eux-mêmes à 18 ans

Romain Vincent, éducateur à La Touline de Seine-et-Marne, avec une jeune femme passée par l’aide sociale à l’enfance, à Combs-la-Ville.

Sur un parking d’Emerainville, en Seine-et-Marne, Titouan (les prénoms ont été modifiés) guette le profil désormais familier de la voiture de Romain Vincent, son éducateur. Quand le véhicule arrive enfin à sa hauteur, le jeune homme de 20 ans, cheveux noirs regroupés en chignon et sweat bleu marine, saute sur le siège passager, puis adresse un sourire encore timide à Romain, qui lui propose d’aller prendre un dessert. Une poignée de kilomètres plus tard, dans le McDonald’s de la zone industrielle voisine, l’éducateur spécialisé sort son carnet de suivi sur un coin de table, tandis que Titouan engloutit un McFlurry KitKat – sa « valeur sûre » à lui.

Toutes les deux semaines depuis un an, le travailleur social et le jeune, ancien adolescent placé à l’aide sociale à l’enfance (ASE), partagent ainsi un moment, dans le cadre du programme local de La Touline. Ce dispositif a été créé en 2016 par les Apprentis d’Auteuil pour accompagner des jeunes majeurs sortis, comme lui, de la protection de l’enfance. Leurs rencontres prennent parfois la forme d’un déjeuner ou d’une sortie culturelle. Des prétextes, en réalité, destinés à amorcer un échange à propos de la vie ordinaire, mais aussi des démarches d’insertion que Titouan met peu à peu en place depuis leurs premiers rendez-vous.

Entre deux cuillerées de crème glacée, l’éducateur s’enquiert de savoir si le jeune homme se rend toujours à ses rendez-vous avec sa psychologue, ou s’il a bien finalisé son inscription à la mission locale. Sur ce second point justement, « plus besoin », rebondit Titouan. Il annonce avec soulagement avoir décroché un emploi de maintenance, dans un hôtel « chic » de la capitale. Un pas majeur pour lui, qui avait suivi une formation de microtechnicien. Mais à sa majorité, de retour chez son père après avoir quitté l’ASE, il s’était renfermé sur lui-même. « Il s’était beaucoup isolé et se trouvait éloigné de toute forme d’insertion quand on a commencé à se voir », observe Romain Vincent.

Chaque semaine, le travailleur social parcourt le territoire de Seine-et-Marne à la rencontre de jeunes qui, après un placement, sont souvent livrés à eux-mêmes après être sortis de tout dispositif d’aide à leurs 18 ans ou 21 ans, âges couperets de la fin de l’accompagnement par l’ASE. Comme ils sont peu mobiles, c’est Romain Vincent qui vient à eux : pour partager un repas, les aider à réaliser des procédures administratives, les accompagner à des rendez-vous médicaux, à l’aéroport aussi quand il s’agit de prendre l’avion pour la première fois, ou encore pour « aller faire une simple promenade en forêt », détaille-t-il.

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