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« Dans la pensée présidentielle, il n’est pas envisagé d’évaluer les résultats des réformes de la recherche scientifique qui ont précédé »

Le président de la République veut imprimer sa marque sur la science – cette activité qui, si elle nécessite, certes, des ressources publiques, a surtout besoin d’indépendance pour chercher, trouver, innover. Un monde savant qui a été précipité depuis vingt ans dans un maelstrom de « réformes » qui en ont bouleversé le paysage, en mettant en place un système de gouvernement de la science à la fois extrêmement centralisé, concurrentiel et volontairement « différencié ». La mise en concurrence de tous contre tous s’est imposée, avec le financement de la recherche sur projets et l’évaluation managériale. Les moyens ont été concentrés sur un petit nombre tandis que le reste sombre peu à peu, soit dit sans excès, dans la misère.

C’est alors qu’Emmanuel Macron parle [dans un discours, le 7 décembre, à Elysée]. La martingale qu’il a cru trouver consiste à faire silence sur tout ce qui précède, soit le quotidien des universitaires et des chercheurs. Et ce silence signe le vide de son discours. Ce qu’il faut, c’est continuer de réformer. Mais à aucun moment, dans la pensée présidentielle, il n’est envisagé d’évaluer les résultats des réformes qui ont précédé et qui ont été poursuivies par les gouvernements Macron. A-t-on jamais évalué les effets sur la qualité de la science et la précarité des jeunes chercheurs de l’explosion des contrats de recherche au détriment de financements stables et pérennes ? De cela, il n’est pas question.

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L’échec de la France à produire le vaccin dont nous avions besoin, mentionné par le président, est d’abord celui de Sanofi, une des entreprises qui a le plus bénéficié du crédit impôt recherche (CIR), un poste de dépense publique qui atteint plus du double du budget du CNRS et dont il est désormais démontré qu’il n’entraîne aucun effort supplémentaire de la part de ses bénéficiaires. Et pourtant il n’est pas question de réformer le CIR.

Le sous-investissement chronique dans notre recherche ? C’est le leitmotiv que tous les gouvernements successifs reprennent depuis des décennies, en particulier depuis que le Conseil européen de Lisbonne [en mars 2000] a adopté l’objectif pour les Etats de consacrer 3 % de leur PIB pour la recherche. C’est la faute du secteur privé, nous dit-on : alors à quoi bon le CIR ? Mais c’est aussi celle de l’Etat qui ne met pas au pot les 1 % qui seraient de son ressort. Les proclamations d’aujourd’hui répètent celles d’hier et d’avant-hier. Comment pourraient-elles convaincre ? Les dernières promesses budgétaires de la loi de programmation de la recherche n’engagent que ceux qui veulent bien y croire, loin de la réalité d’un budget qui diminue en euros constants dans la prochaine loi de finance.

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