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Projet de loi « immigration » : quand le député socialiste Philippe Brun recevait par erreur un appel du cabinet de Gérald Darmanin

Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, à la sortie d’un conseil des ministres au palais de l’Elysée, le 12 décembre 2023.

Mercredi 6 décembre, la tension est déjà intense au gouvernement. Dans quelques jours, les débats doivent reprendre à l’Assemblée nationale sur le projet de loi « immigration ». Les Républicains (LR) font monter et descendre l’ascenseur émotionnel du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, en entretenant le doute sur leurs intentions. C’est dans ce contexte que le député de l’Eure Philippe Brun (Parti socialiste, PS), alors à une réunion publique du PS à Villeurbanne (Rhône), reçoit vers 20 heures un SMS d’un numéro inconnu. C’est le directeur de cabinet du ministre de l’intérieur, Alexandre Brugère, qui lui demande de le rappeler.

L’élu – qui avait saisi dans la journée le ministre de l’éducation, Gabriel Attal, en raison de la situation critique d’une enseignante de sa circonscription – sort de la salle et s’exécute. Au téléphone, le directeur lui annonce que le ministre a tenu à accélérer sa demande d’une brigade de gendarmerie à Rosières. Philippe Brun est interloqué : Rosières est en Ardèche, loin de l’Eure, sa circonscription. Il finit par comprendre la méprise : le directeur de cabinet le confond avec son collègue et homonyme des Républicains, Fabrice Brun. Dans la conversation, M. Brugère ne lui demande pas de voter contre la motion de rejet mais, en raccrochant, le socialiste fait le lien entre l’alléchante nouvelle du cabinet du ministre et le texte de loi du gouvernement.

L’affaire, d’abord révélée dans Libération, n’est apparemment pas isolée. Fin octobre, un article de Paris Match raconte par le menu le traitement de choix accordé par le ministre à trois députés LR, Nicolas Forissier (Indre), Jérome Nury (Orne) et Virginie Duby-Muller (Haute-Savoie), tous bénéficiaires de nouveaux services de gendarmerie. Rebelote le 7 décembre. Au tour d’Alexandre Vincendet (LR, Rhône) de se féliciter de l’arrivée prochaine du siège de l’office central de lutte contre la délinquance itinérante et de 78 gendarmes.

« Mensonge » et « diffamation »

Leur point commun, aucun n’a voté pour la motion de rejet, à rebours de toutes les oppositions, y compris chez LR. Il n’en fallait pas plus pour émouvoir le député écologiste des Yvelines Benjamin Lucas, porteur de la motion de rejet, qui a tiré ses propres conclusions de ces révélations, mardi, demandant la constitution d’une enquête parlementaire « pour faire la lumière, si les faits étaient avérés, sur une tentative de corruption ». La France insoumise (LFI), elle, annonce saisir le procureur de la République sur des « faits pouvant s’apparenter à de la corruption d’élus », comme l’a décrit la présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot, déclenchant la colère des députés mis en cause.

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