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La « télé doudou » nous cajole en relançant les programmes phares des années 2000

Candice, lors du prime de la nouvelle saison de l’émission « Star Academy » 2023, en direct sur TF1, le 2 décembre 2023.

La dernière rumeur en date de « grand retour » à la télévision ? Le « Bigdil », ce jeu survolté présenté par Vincent Lagaf et suivi par près de 6 millions de téléspectateurs entre 1998 et 2004. L’animateur, qui disait en 2022 avoir été contacté par le producteur de l’émission pour une possible reprise, a ensuite semblé balayer l’idée, de crainte de devoir faire un « sous-Bigdil ». Il n’empêche, la chaîne RMC Story proposera fin décembre une « soirée spéciale » pour les 25 ans du jeu, façon de prendre la température.

Car les observateurs du petit écran l’ont remarqué : les années 2000 sont de retour, et leurs programmes phares avec elles. Comme elle a atteint la mode et la musique, la nostalgie « Y2K » – soit « années 2000 » – n’épargne pas la télévision. De la « Star Academy » à « Y’a que la vérité qui compte » en passant par « Plus belle la vie » (de retour en janvier), le petit écran semble avoir rajeuni d’une vingtaine d’années.

Le Covid-19 l’avait déjà montré en 2020 : plus le monde est incertain et inquiétant, plus nous avons tendance à nous réfugier dans le passé. La recherche s’est penchée sur la question et une étude allemande parue en 2022 dans la revue Psychology of Popular Media a confirmé que « les gens peuvent être particulièrement motivés à consommer des médias nostalgiques en temps de crise ». « Aller chercher des marques du passé dans un contexte où on ne sait pas trop où on va, entre la récession, les guerres, les conflits… C’est très rassurant pour le consommateur », souligne Alexandra Vignolles, directrice de la pédagogie à l’Institut des hautes études économiques et commerciales et autrice d’une thèse sur l’influence de la perception nostalgique dans le rapport aux marques. Le retour gagnant de la « Star Academy », en 2022, l’a démontré, « avec les mêmes codes, les mêmes rituels, le même animateur, le même château, cela permet de se raccrocher à des choses que l’on connaît », poursuit-elle.

Mais tous les souvenirs ne sont pas bons à ressortir du placard : exit les disputes ou les profs cassants, la nouvelle « Star Academy » met l’accent sur la coopération entre les élèves et la bienveillance du corps professoral. Si M6 s’apprête de son côté à faire revivre le « Bachelor », télé-réalité de rencontres amoureuses, ce sera pour une formule « senior » dans laquelle la production promet du « second degré » plutôt qu’un défilé de jeunes ingénues naïves se faisant éconduire les unes après les autres par un playboy. De la même manière, on imagine mal voir revenir certains programmes au ton moqueur ou agressifs, tels que « Tout le monde en parle », avec Thierry Ardisson, ou le duo infernal des Eric (Zemmour et Naulleau) des grandes heures d’« On n’est pas couché ». Au-delà du fait que la nostalgie va toujours avec une forme d’idéalisation, la période appelle encore plus de douceur. « L’année dernière, on sortait du Covid, puis il y a eu le début de la guerre en Ukraine, l’inflation et maintenant la guerre entre Israël et le Hamas, c’est évident que c’est de la bienveillance qui est nécessaire », estime Alexia Laroche-Joubert, productrice de « Loft Story » et de la « Star Academy » à leur lancement et aujourd’hui patronne de Banijay Productions France.

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