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A Rennes, la collégienne qui a menacé une enseignante avec un couteau jugée « dangereuse pour elle-même »

Le procureur de la République de Rennes, Philippe Astruc, lors d’une conférence de presse le 13 décembre 2023.

Une enquête a été ouverte, mercredi 13 décembre, par le parquet de Rennes après qu’une collégienne de 12 ans a menacé avec un couteau une enseignante, qui n’a pas été blessée, a appris Le Monde auprès du procureur de la République, Philippe Astruc. « Une enquête criminelle pour tentative d’homicide volontaire sur personne chargée d’une mission de service public confiée à la sûreté départementale de Rennes a été ouverte par le parquet de Rennes », a annoncé le magistrat mercredi matin.

Selon les premiers éléments rapportés par le parquet, une élève du collège Les Hautes-Ourmes est venue mercredi matin au sein de l’établissement « armée d’un grand couteau, avec l’intention, semble-t-il, de tuer sa professeure d’anglais ». « [L’élève] aurait suivi [l’enseignante] avant d’être désarmée par le personnel de l’établissement », ajoute le procureur.

Il a rapporté dans la soirée qu’elle avait fait l’objet d’un examen psychiatrique à l’hôpital Pontchaillou, qui a conclu que la mineure était « dangereuse pour elle-même » et que son état nécessitait des soins en milieu spécialisé. « A la suite, une ordonnance de placement provisoire a été prise par le parquet de Rennes confiant la mineure au conseil départemental avec hospitalisation en milieu spécialisé le temps nécessaire aux soins », a-t-il ajouté.

D’abord placée en « retenue judiciaire » avant que la mesure soit levée, la mineure « vient d’être hospitalisée dans ce cadre ». « Les investigations criminelles se poursuivent et une information judiciaire confiée à un juge d’instruction sera rapidement ouverte », a écrit Philippe Astruc dans son communiqué. Lors d’une conférence de presse dans l’après-midi, il avait estimé que la « dimension psychologique voire psychiatrique » lui paraissait « dominante dans le passage à l’acte de cette mineure ».

Des troubles du comportement antérieurs

Selon le procureur, les faits se sont déroulés durant la projection d’un film pédagogique en cours d’anglais, pendant laquelle l’élève a paru « agitée ». Lors de son audition, la professeure a dit s’être assise à côté de cette élève, qui lui a alors confié à voix basse : « Je suis folle aujourd’hui, j’ai envie de tuer les élèves qui ne m’aiment pas, et la personne en face de moi. Ça s’est passé à Arras, ça va se passer aujourd’hui. »

« La professeure décide alors d’évacuer la salle et reste avec l’élève », a détaillé le procureur. Elle a ensuite « sorti de son cartable un couteau imposant » avec une lame de 17 centimètres, a précisé M. Astruc. L’élève a rapidement été désarmée et maîtrisée par des médiateurs du collège avant d’être interpellée par la police.

L’élève avait été exclue en juin d’un autre collège de Rennes pour menaces et insultes sur un professeur et avait déjà apporté un couteau dans l’établissement sans en faire usage, selon le procureur. Elle avait été scolarisée au collège Les Hautes-Ourmes en septembre.

Le code de la justice pénale des mineurs prévoit une présomption de non-discernement pour les mineurs de moins de 13 ans, a rappelé le procureur. Le Parquet national antiterroriste, informé des faits, n’a pas souhaité s’en saisir, a-t-il ajouté.

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Dans une déclaration transmise à l’Agence France-Presse plus tôt dans la journée, le ministre de l’éducation, Gabriel Attal, a apporté son « soutien le plus absolu à la professeure ». « Je mesure le traumatisme que constitue cette agression pour elle et pour la communauté enseignante tout entière », a ajouté M. Attal, saluant « l’immense courage et le sang-froid des personnels sur place qui ont su réagir face à cette menace ».

Cette affaire intervient deux mois jour pour jour après l’assassinat de Dominique Bernard, professeur de français poignardé à mort à Arras (Pas-de-Calais) le 13 octobre, quasiment trois ans après l’assassinat du professeur d’histoire Samuel Paty, le 16 octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), poignardé puis décapité près de son collège quelques jours après avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet lors d’un cours sur la liberté d’expression, deux drames qui ont profondément marqué la communauté enseignante.

Lire aussi les témoignages : Article réservé à nos abonnés L’attentat d’Arras, une onde de choc durable pour les enseignants

Le Monde avec AFP

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