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« L’or noir est à son zénith, le monde n’en a jamais brûlé autant »

Le siège d’Occidental Petroleum, à Woodlands (Texas, Etats-Unis), le 11 décembre 2023.

Le livre s’intitulait Twilight in the Desert (« Crépuscule dans le désert », 2005, non traduit), et le banquier texan du pétrole, Matthew Simmons, y prédisait la fin du pétrole en Arabie saoudite. Ce « choc pétrolier saoudien à venir », indiquait le sous-titre, allait bouleverser l’économie mondiale. En 2005, année d’entrée en vigueur du protocole de Kyoto sur la réduction des gaz à effets de serre, on trouvait encore des experts pour prédire un « peak oil » imminent, puis une baisse rapide de la consommation…

Depuis vingt ans, une certitude s’est imposée : l’extinction des énergies fossiles est inévitable, mais la ligne d’horizon recule sans cesse. Le royaume wahhabite reste le deuxième producteur mondial de brut et son premier exportateur. L’or noir est à son zénith, le monde n’en a jamais brûlé autant : 102 millions de barils par jour. Sa consommation risque d’augmenter dans les dix prochaines années. Et ce qui s’est passé dans les déserts texan et émirati n’augure rien de bon.

Au moment où les pays s’écharpaient à la COP28 de Dubaï (Emirats arabes unis) pour inscrire la perspective d’une « sortie » des énergies fossiles dans l’accord final, deux compagnies pétrolières américaines annonçaient leur mariage. Occidental Petroleum (Oxy) va racheter CrownRock pour 12 milliards de dollars (11,13 milliards d’euros). En octobre, ExxonMobil avait annoncé l’acquisition de Pioneer Natural Resources pour 60 milliards et Chevron celle de Hess pour 53 milliards.

« Distraction dangereuse »

Ces géants ne mettraient pas autant d’argent sur la table si ces actifs étaient promis à une dépréciation accélérée. Les Etats-Unis extraient plus de 13 millions de barils par jour et sont redevenus le premier producteur mondial de brut. Ils ont trouvé la martingale pour sauver l’or noir : la capture et le stockage (CSC) du CO2 à une échelle industrielle. C’est le nouvel horizon du PDG d’ExxonMobil, Darren Woods, qui l’a défendu à Dubaï et regrette que les COP se soient « focalisées depuis trop longtemps sur les énergies renouvelables ».

C’est aussi l’horizon d’Occidental Petroleum. Au Texas, la compagnie de Houston développe « Stratos », le plus grand projet de CSC au monde : 500 000 tonnes de dioxyde de carbone piégées chaque année après leur capture directe dans l’atmosphère, et non pas en sortie d’usine, claironne la PDG d’Oxy, Vicki Hollub. Cette usine est adossée à un mécanisme de vente de crédits carbone qui a déjà embarqué Amazon, Airbus ou le club de football américain des Houston Texans.

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