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« Plus les impacts du réchauffement se précisent, plus le tir de barrage des pétroliers se renforce »

La COP28 doit s’achever mardi 12 décembre à Dubaï, aux Emirats arabes unis, et nul ne sait encore précisément ce qui pourra bien en sortir. Une chose semble déjà sûre : bien plus que les vingt-sept éditions précédentes, elle aura illustré l’incapacité de la diplomatie climatique à entraver sérieusement la marche du réchauffement. Pis : au-delà de son issue, la séquence des événements qui ont marqué sa préparation et sa tenue apparaissent aux yeux du monde entier comme un scénario de dystopie.

On le sait, la COP28 se tient sous la présidence de Sultan Al-Jaber, ministre de l’industrie des Emirats arabes unis et patron de l’Abu Dhabi National Oil Company (Adnoc), la compagnie pétrolière nationale émiratie. C’est, à peu de chose près, comme si un congrès de lutte contre le cancer du poumon était présidé par un marchand de tabac.

La présidence de la COP semble avoir eu conscience assez tôt du caractère inconfortable de la situation. Dès le mois de mai, une enquête du Guardian et du Centre for Climate Reporting a montré que l’équipe de Sultan Al-Jaber avait manœuvré pour modifier des entrées de l’encyclopédie Wikipédia, afin de « verdir » l’image des Emirats arabes unis et de leur pétrolier national. Quelques jours plus tard, on apprenait, toujours dans le quotidien britannique, qu’une armada de faux comptes poussaient, sur le réseau social X, un narratif favorable à la présidence de la COP.

« Verdir » l’image de la COP28 était en effet nécessaire. En juin, le Guardian révélait par exemple que son système d’information était hébergé sur les serveurs de l’Adnoc : les informations échangées par les acteurs du sommet étaient ainsi, techniquement, rendues accessibles à la société pétrolière.

Début novembre, l’Agence France-presse (AFP) indiquait que la firme de conseil McKinsey avait gracieusement offert son assistance et ses services à la présidence de la COP, lui préparant « un plan de transition donnant l’impression d’avoir été écrit par l’industrie pétrolière, pour l’industrie pétrolière », selon un analyste interrogé par l’AFP. Sans surprise, McKinsey est aussi le conseiller (mais à titre onéreux) de BP, de Chevron, de Rio Tinto et d’autres géants des fossiles.

Confusion entre les causes et les effets

Quelques jours plus tard, enfin, la BBC révélait que des réunions préparatoires de la COP avaient été utilisées par sa présidence – c’est-à-dire la direction de l’Adnoc – aux fins de prospecter de nouveaux clients pour le gaz naturel émirati. Parvenue à de tels sommets, la confusion des genres devient une forme d’art.

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