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Daniel Cohn-Bendit rompt avec Emmanuel Macron et appelle la gauche à se réunir derrière Raphaël Glucksmann

Emmanuel Macron, alors président du mouvement En Marche !, et candidat à l'élection présidentielle, en déplacement à Berlin avec Daniel Cohn-Bendit, alors député européen, le 10 janvier 2017.

Daniel Cohn-Bendit le jure. Il n’est « ni vexé, ni fâché ». En ce début décembre, attablé au restaurant d’un petit hôtel proche de la rue Daguerre, à Paris, où il a ses habitudes, l’ancien député européen préfère parler d’une « déception intellectuelle » lorsqu’il évoque sa relation avec Emmanuel Macron. L’ancien leader de Mai-68, qui le soutenait depuis 2017, annonce aujourd’hui au Monde sa rupture officielle avec le chef de l’Etat.

Lui qui fut subjugué par le « en même temps macronien », permettant à ses yeux de dépasser le clivage gauche-droite « invivable », ne se reconnaît plus dans la ligne du président de la République. « Il n’y a plus de “en même temps” », déplore-t-il, mais une politique du « vieux monde » qui ne repose que sur une jambe droite. « Le signifiant de la politique d’Emmanuel Macron était peut-être un mirage », constate-t-il. « J’ai été séduit », reconnaît-il, précisant : « Je ne suis pas la maîtresse vexée, c’est pas ça, hein ! »

Voilà longtemps que les messages du septuagénaire adressés au chef de l’Etat restent sans réponse. Daniel Cohn-Bendit dit se moquer de ce brutal désintérêt présidentiel, même si l’on sent une pointe d’amertume lorsqu’il décrit M. Macron comme un homme qui « consomme les gens comme des fruits. A un moment, c’est plus la saison ».

Mais la blessure qu’il décrit est plus idéologique qu’affective. Alors que le Rassemblement national (RN) poursuit sa progression, « Dany le rouge » affirme avoir « peur de ce qu’est en train de produire le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, et donc Emmanuel Macron », évoquant le projet de loi immigration en cours d’examen à l’Assemblée nationale. « [Gérald Darmanin] fait une analyse : la France est à droite. Et ne cherche que l’accord à droite », observe-t-il, regrettant que M. Macron n’ait pas la « lucidité » – il n’ose employer le mot courage – de « dire certaines vérités » sur le défi migratoire : la France et l’Europe ont besoin d’une immigration de travail – pas seulement de gens qualifiés – et on ne peut imposer de quotas sur le nombre de réfugiés.

« Une certaine incompétence sociale »

« Oui les gens sont affolés. Mais ce que je demande à un président comme Emmanuel Macron, c’est d’affronter [la pression exercée par la droite et l’extrême droite] », s’agace-t-il. Selon lui, aborder le sujet de l’immigration d’une façon aussi droitière n’apaisera pas le pays. Au contraire, « les conséquences seront terribles », redoute-t-il. « Disons que le texte passe – disons même que la version la plus dure du texte, celle votée par le Sénat, passe – le résultat, c’est quoi ? Dans quatre ans à la présidentielle, rien n’aura changé. Et qui est-ce qui va gagner ? Marine Le Pen ! », tempête-t-il, nostalgique de l’équilibre promis par le chef de l’Etat lors de son discours à Orléans en 2017 combinant « autorité » et « humanité ».

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