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Patrick Lemaire, biologiste : « Une “révolution” de la recherche en dix-huit mois est irréaliste »

Président du Collège des sociétés savantes académiques de France, le biologiste Patrick Lemaire réagit à la « Vision pour l’avenir de la recherche française » présentée jeudi 7 décembre par le président de la République.

Votre collège de sociétés savantes a formulé, dans une tribune au Monde, une proposition de conseil. Que pensez-vous de la formule retenue par Emmanuel Macron ?

Cela n’a simplement aucun rapport. Le fait que ce conseil n’interagisse qu’avec lui, mais pas avec les ministres ou avec quiconque, en fait simplement un gadget. Rien dans l’intervention du président de la République n’avait pour but d’améliorer la prise en compte des connaissances scientifiques par les politiques. C’est resté un angle mort complet de son discours.

Même lorsqu’il a souligné l’importance du grade de docteur, il a insisté sur leur entrée dans les entreprises, pas dans les ministères ou les administrations pour appliquer des politiques inspirées par les sciences. Au vu des incertitudes politiques pour la suite, on se dit que cela aurait pu être le moment d’instituer une autorité indépendante qu’on ne peut faire taire facilement. C’est un peu une occasion ratée.

La création de ce conseil n’était pas au centre de son allocution…

Il a balayé les sujets de manière très large, utilisant à plusieurs reprises le terme « révolution ». Mais penser révolutionner l’organisation de la recherche en dix-huit mois, tout le monde sait que c’est irréaliste. La simplification principale concerne le pilotage stratégique pour des recherches qui, je dirais, amènent à un retour sur investissement, très orientées public-privé. Même l’allusion aux sciences humaines et sociales dénotait une vision très utilitariste de celles-ci.

J’ai le sentiment qu’on part d’un projet idéologique de réforme du système, et qu’on cherche pour cela tout ce qui pourrait le justifier, tout le contraire d’une démarche scientifique. C’est tout de même un peu choquant.

Le président ne propose-t-il pas d’alléger l’évaluation, qui pèse sur les chercheurs ?

Son raisonnement est de dire qu’il faut moins d’évaluations, qu’elles soient pertinentes et suivies de conséquences. Très bien ! C’est dommage que ce ne soit pas le cas pour l’évaluation des politiques publiques, dans le soutien à l’innovation, dans le crédit d’impôt recherche des entreprises. Ne devrait-on pas évaluer aussi les chaires de professeur junior ou les programmes et équipements prioritaires de recherche ? Et en tirer les conséquences ?

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