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Une pilule connectée qui mesure les détresses respiratoires et cardiaques

Avaler une capsule truffée d’électronique puis s’endormir, tel est le test clinique auquel se sont prêtés aux Etats-Unis dix patients souffrant d’apnée du sommeil. La nuit venue, ces pilules flottant dans l’estomac ont non seulement détecté les différents moments d’arrêts respiratoires, mais aussi mesuré avec précision les constantes vitales (fréquences respiratoire et cardiaque) des patients. Ceux-ci ont ensuite éliminé le mini-appareil de 2,5 centimètres de long par voie naturelle.

« C’est la première expérience humaine avec un moniteur connecté ingérable qui peut mesurer la respiration et l’activité cardiaque », soulignent, dans la revue Device du vendredi 17 novembre, les auteurs de ces travaux, une équipe transdisciplinaire (médecins spécialistes du sommeil, gastro-entérologues, neuroscientifiques, experts en ingénierie mécanique) des universités de Pittsburgh, de Virginie-Occidentale et du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Les chercheurs détaillent dans la publication avoir également testé avec succès la capsule, cette fois-ci sur l’animal, pour détecter une dépression respiratoire induite par une consommation d’opioïdes.

A la genèse de cette recherche, une conférence sur les dispositifs ingérables donnée il y a six ans par l’auteur principal, Giovanni Traverso, gastro-entérologue au Brigham and Women’s Hospital de la Harvard Medical School et professeur associé de génie mécanique au MIT. « A la fin de mon intervention, Benjamin Pless [ingénieur et inventeur de plus de 125 brevets aux Etats-Unis] m’a contacté », se souvient M. Traverso. De cette rencontre est née la start-up Celero Systems qui depuis, explique-t-il, se concentre sur le développement d’une solution de santé numérique pour lutter contre le fléau des overdoses (OD). « Nous voulons concevoir des dispositifs ingérables pour la détection des détresses, mais aussi l’administration de médicaments. Des études, comme celle de la commission Lancet-Stanford, montrent que malgré le succès de la naloxone, médicament antagoniste des opioïdes, les patients meurent souvent seuls et sans surveillance. Il faut une thérapie capable d’agir de manière autonome. »

Prévenir les overdoses

Pour le psychiatre Jean-Michel Delile, président de la Fédération addiction en France, ces travaux ouvrent des « perspectives étonnantes » pour le traitement des cas d’overdose. « Une des limites de la naloxone est que la plupart des OD surviennent en solitaire et que personne ne peut l’administrer à temps. Tout ce qui peut réduire le délai entre l’intoxication aiguë et l’administration de l’antidote est évidemment favorable. » Cette application, poursuit-il, « serait d’autant plus intéressante que ces overdoses, même quand elles ne sont pas létales, peuvent entraîner des dommages irréversibles ». Rien qu’aux Etats-Unis, 300 000 overdoses non fatales sont enregistrées chaque année.

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