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En Allemagne, le « gastropopulisme » de Markus Söder : « Une vie sans saucisse est possible, mais elle n’aurait pas de sens »

Le ministre-président de Bavière, Markus Söder, lors d’une réunion de son gouvernement, à Munich, le 14 novembre 2023.

Poster sur Instagram des photos de ce que l’on mange est tellement répandu qu’il existe même un mot pour cela : le foodstagramming. En Allemagne, l’adepte le plus célèbre de cette pratique n’est ni un chef étoilé ni un influenceur, mais un dirigeant ­politique : Markus Söder, président de la très conservatrice Union chrétienne-sociale (CSU) en Bavière et possible candidat à la ­chancellerie fédérale en 2025.

Agé de 56 ans, ce docteur en droit brièvement passé par le journalisme a toujours aimé les images, surtout la sienne. Pendant près d’une décennie, il a régalé les médias lors du très couru carnaval de Franconie, non loin de son Nuremberg natal, où on l’a vu se déguiser tour à tour en ours polaire, en Gandhi, en Shrek, en Homer Simpson et même en Marilyn Monroe. Depuis son élection à la tête du ­gouvernement de Bavière, en 2018, il s’est assagi, ­préférant désormais le smoking, et c’est d’une autre façon qu’il a décidé d’assouvir son goût pour l’auto-mise en scène : en tenant sur Instagram – où il compte près de 400 000 abonnés – une chronique scrupuleuse sur le contenu de son assiette.

En bon président de région, Markus Söder est évidemment soucieux de mettre la sienne à l’honneur. Il n’a pour cela aucun complexe. Convaincu que « la cuisine bavaroise est la meilleure de toute l’Allemagne », il en célèbre régulièrement les spécialités, de la Schäufele (épaule de porc) à la Weisswurst (saucisse blanche), en passant par le Saures Lüngerl (ragoût de poumons de veau) ­qu’aimait lui préparer sa mère quand il rentrait de l’école.

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Les Verts dans le viseur

Bavarois avant d’être allemand (« Si l’Allemagne réussit, c’est seulement parce qu’il y a la Bavière », a-t-il souvent répété), Markus Söder fait toutefois des infidélités à sa chère région. Ces derniers mois, il a ainsi tenu à faire savoir qu’il s’était régalé de pizzas, de hamburgers, de döner kebabs, d’enchiladas mexicaines, de chachliks à la russe, de mici roumains et de pâtisseries orientales. Il s’est même créé un hashtag : #Söderisst (« Söder mange »). Avec ses déclinaisons : « Söder mange ­libanais », « Söder mange turc », « Söder mange grec »

Cet éclectisme a toutefois ses limites. Qu’ils viennent de Bavière ou d’ailleurs, les plats qu’affectionne le président de la CSU ont en effet en commun d’être toujours roboratifs, le plus souvent riches en viande et volontiers pleins de sauce et de matières grasses. Quant aux portions, elles sont très généreuses : là où d’autres se contenteraient d’un filet de volaille, Markus Söder n’hésite pas à se faire servir un demi-poulet ; idem pour les poissons, qu’il aime avoir entiers dans son assiette, et de préférence frits ou panés plutôt que cuits à la vapeur.

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