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Elisabeth Borne rattrapée par la flambée des violences à Mayotte

Elisabeth Borne, à l’hôtel Matignon, à Paris, le 7 décembre 2023.

Pour les habitants de Mayotte, déjà accablés par la pénurie d’eau potable, un deuxième sujet de préoccupation domine la vie quotidienne : la récente spectaculaire reprise de la violence sur l’île. La première ministre, qui s’y déplace vendredi 8 décembre avec son ministre délégué aux outre-mer, Philippe Vigier, et celui de la santé, Aurélien Rousseau, est rattrapée par cette urgence. Elisabeth Borne avait prévu de concentrer ses annonces sur la crise de l’eau, le logement et la santé. Elle entend, indique-t-on à Matignon, continuer à porter une « vision d’ensemble » de l’avenir du 101e département français, le plus pauvre. La lutte contre l’insécurité et l’immigration irrégulière demeurent toutefois la « mère des batailles à Mayotte », conviennent ses conseillers.

Retenu par le débat sur le projet de loi « immigration » à Paris, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, va, lui, échapper à la colère locale, quelques mois après avoir été acclamé par la population pour sa vaste opération de police « Wuambushu », censée lutter contre l’habitat illégal insalubre, l’insécurité et l’immigration clandestine. Saluée par les élus locaux, « Wuambushu » n’aura apporté qu’un relatif soulagement au territoire, entre avril et octobre. M. Darmanin a dû de nouveau annoncer, le 28 novembre, l’envoi de renforts ponctuels – un sixième escadron de 72 gendarmes mobiles.

Alors que la mort du jeune Thomas à Crépol (Drôme) enflamme la politique hexagonale, les bagarres entre bandes atteignent à Mayotte un rythme quotidien et une dimension paroxystique. Depuis la fin octobre, ces conflits intervillages opposent notamment deux clans antagonistes de l’île, les « Watoro » et les « Terroristes », enfermés dans une logique de vengeance. « Cela peut partir d’un motif futile : un match de foot, le vol d’un chien, etc., témoigne un cadre des forces de l’ordre qui a requis l’anonymat. Ces violences se traduisent également par des incendies de véhicules et, plus rarement, de maisons. »

Routes coupées

Les heurts entraînent des caillassages entre groupes, des attaques à coups de barre de fer ou de chombo (machette), mais ils débordent aussi sur les routes, coupées, entraînant des agressions de la population – des automobilistes pris au piège sont dépouillés de leur téléphone portable ou de leur portefeuille sous la menace d’une arme, des villageois considérés comme « ennemis » sont attaqués chez eux. Mercredi 7 décembre, la police avertissait ainsi de menaces contre les bus, les particuliers en voiture et les forces de l’ordre, avancées par les « ennemis » des quartiers de Majicavo Koropa et de Koungou : annoncé sur les réseaux sociaux, le blocage était prévu à partir de 4 heures du matin jeudi, sur la route 90K.

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