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Politique de la ville : « Non, les banlieues ne jouissent pas d’un traitement de faveur »

Monsieur le Président, le 4 juillet, vous receviez au palais de l’Elysée 220 maires qui avaient dû faire face, quelques jours auparavant, à des révoltes d’une rare intensité dans leur commune. En conclusion de ces échanges francs et directs qui ont duré plus de quatre heures, vous aviez expressément demandé aux élus locaux leurs contributions écrites pour la rentrée de septembre. De cette façon, leurs retours d’expérience vous permettraient de mieux comprendre et de bien répondre à ces faits d’une grande gravité impliquant des milliers d’adolescents et de jeunes adultes.

Aussi avons-nous souhaité vous adresser nos doléances au nom des centaines de milliers d’habitants de nos territoires. De cette façon, nous souhaitons vous exhorter à mettre en place, dans les meilleurs délais, un observatoire national permettant une géolocalisation des budgets publics. Grâce à cette donnée objective qui comptabilisera les apports financiers de l’Etat, de la Sécurité sociale et des collectivités locales, territoire par territoire, nous pourrons enfin avoir un débat public mature sur les vraies inégalités au sein de notre pays.

En effet, les nuits d’émeutes étaient à peine terminées, et les tensions encore palpables, que nous avons vu les virtuoses de la fracturation sociale nous resservir, sur les ondes radio et les plateaux de télévision, le discours rance sur les « milliards versés aux banlieues » dont le sous-entendu raciste est évident. Entendre l’extrême droite opposer la France périphérique des sous-préfectures et des zones rurales aux banlieues populaires n’est malheureusement pas surprenant. Mais que d’autres élus de l’arc républicain leur emboîtent le pas pour justifier l’absence de moyens supplémentaires pour les banlieues est effrayant.

La réalité est bien différente. Les crédits de la politique de la ville sont limités, inférieurs à 1 % du budget de l’Etat pour des quartiers qui réunissent près de 10 % de la population française et où sont concentrés les plus pauvres et les plus précaires.

En outre, les budgets de I’Agence nationale pour la rénovation urbaine ne sont pas des deniers issus des caisses de l’Etat. Ils proviennent à 96 % d’Action Logement, l’ex-1 % logement, et des bailleurs sociaux. Par le paiement de leurs loyers, ce sont donc les occupants des habitations à loyer modéré qui financent la rénovation de leurs habitats, des espaces et équipements publics à proximité de chez eux.

Statistiques d’intérêt général

Surtout, ces moyens ne viennent pas compenser l’inégale allocation des crédits de droit commun et des politiques régaliennes de l’Etat : école, université, recherche, hôpital, transport, emploi, police et justice, notamment. Là aussi, les disparités sont criantes, et largement documentées par les sciences sociales.

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