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L’opération séduction du Rassemblement national auprès des patrons

Marine Le Pen, alors candidate à la présidentielle pour le Rassemblement national, présente son programme de campagne économique au Medef, à Paris, le 21 février 2022.

Le déjeuner n’a pas eu lieu dans un salon privé, mais bien en vue, à une table un peu surélevée, donnant sur la grande salle à colonnades et moulures. C’est au Laurent, restaurant cossu du « triangle d’or » parisien des affaires, que Marine Le Pen a choisi de s’afficher avec l’ancien patron d’EDF Henri Proglio, le 21 novembre. Objectif atteint : avant même d’être relayée par Le Canard enchaîné, l’information a fait le tour de Paris, s’invitant jusque dans les conversations du Siècle, ce club très sélect de l’élite économique et politique dont les membres se réunissaient le lendemain pour leur dîner mensuel.

Depuis qu’elle a réussi à installer 89 députés à l’Assemblée nationale en juin 2022 (88 aujourd’hui), la cheffe de file du Rassemblement national (RN) multiplie ses gestes à l’égard des milieux économiques – ce petit monde des patrons et cadres dirigeants, financiers et grandes familles actionnaires –, pour servir son ambition d’accéder à l’Elysée en 2027. Avec l’espoir de susciter le moins de rejet possible, et de séduire les catégories supérieures et les retraités.

Car, si le discours du RN trouve traditionnellement un écho chez les artisans, les commerçants ou les petites entreprises, auprès des multinationales et des investisseurs hexagonaux c’est une autre histoire. Ceux-là, faute de les conquérir, le RN cherche à les « débrancher », comme le résume le député RN de la Somme Jean-Philippe Tanguy.

Une stratégie explicitée par le président du RN, Jordan Bardella. « Pour gagner [en 2027], il faut arrimer une partie des élites au bloc populaire, déclare-t-il au Monde. On gagnera si on peut rassurer. Et si on parle à la France qui réussit. » Le bras droit de Marine Le Pen a lui-même lancé une opération séduction auprès des patrons, en se rendant sur le campus de la prestigieuse école de commerce HEC, le 28 novembre, où il était invité pour la première fois, pour parler aux « décideurs de demain ». Près de 300 étudiants s’étaient déplacés.

« On est des gens raisonnables »

Dans les milieux économiques parisiens, Marine Le Pen effraie encore, notamment avec sa promesse de revenir à la retraite à 60 ans, ou celle visant à rétablir un impôt sur le capital financier, de type impôt sur la fortune, même si le très libéral Alain Madelin lui donne quelques conseils. Si elle accédait à l’Elysée, « son programme de 2022 montre qu’elle ne mettrait aucune limite au déficit budgétaire, estime l’essayiste Alain Minc, conseil de nombreux grands patrons. Elle se heurterait au mur des marchés en vingt-quatre heures. Il lui arriverait en bien pire ce qui est arrivé à Mme Truss en Angleterre [Liz Truss était restée un peu plus d’un mois au poste de première ministre britannique, en 2022] ».

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