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Attaque à Paris : l'assaillant, signalé par sa mère, toujours en garde à vue

La garde à vue de l’auteur présumé de l’attaque mortelle au couteau près de la tour Eiffel à Paris se poursuit lundi. La mère du suspect avait signalé sa potentielle dangerosité fin octobre, rapporte une source proche de l’enquête. Le ministre de l’Intérieur, Gérard Darmanin, a estimé qu’il y avait eu un « ratage » dans son suivi psychiatrique.

Toujours en garde à vue dans la soirée du lundi 4 décembre, l’islamiste radical arrêté après l’attaque au couteau qui a coûté la vie d’un jeune touriste germano-philippin et blessé deux autres personnes à proximité de la Tour Eiffel, à Paris, samedi soir, avait fait allégeance au groupe État islamique avant son passage à l’acte. Le ministre de l’Intérieur, Gérard Darmanin, a estimé qu’il y avait eu un « ratage » dans son suivi psychiatrique.

Armand Rajabpour-Miyandoab, un Franco-Iranien de 26 ans, a été interpellé après l’attaque, samedi vers 21 h 30, à proximité du pont de Bir-Hakeim, à quelques mois des Jeux olympiques 2024 dans la capitale.

Une enquête de flagrance a été ouverte pour « assassinat et tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste » et « association de malfaiteurs terroristes en vue de la préparation de crimes d’atteinte aux personnes ».

Deux personnes, l’assaillant et une personne de son entourage, étaient toujours en garde à vue lundi soir, a-t-on appris auprès du Parquet antiterroriste, tandis que la mesure a été levée pour ses parents. Celle de l’assaillant pourrait durer jusqu’à mercredi soir, s’agissant d’une enquête antiterroriste.

Lors de sa garde à vue, Armand Rajabpour-Miyandoab « assume et revendique totalement son geste » et « tout laisse à penser » qu’il a « agi seul », selon une source proche de l’enquête. L’assaillant dit avoir agi en « réaction à la persécution des musulmans dans le monde ». Il apparaît « très froid », « clinique » et « désincarné », a ajouté cette source.


© France 24

 

La mère du suspect avait alerté la police

Selon les premiers éléments de l’enquête, la mère du suspect avait indiqué en octobre à la police qu’elle s’inquiétait pour son fils – fiché pour radicalisation islamiste , selon une source proche de l’enquête –, voyant qu’il « se repliait sur lui-même », a indiqué dimanche le procureur antiterroriste, Jean-François Ricard.

Le procureur national antiterroriste Jean-François Ricard donne une conférence de presse au lendemain de l'attaque au couteau survenue samedi à Paris.
Le procureur national antiterroriste Jean-François Ricard donne une conférence de presse au lendemain de l’attaque au couteau survenue samedi à Paris. © Capture d’écran France 24

Les services de police avaient alors tenté de le faire examiner par un médecin et hospitaliser d’office, chose finalement impossible en l’absence de troubles, selon une source proche du dossier. Sa mère, en outre, ne voulait pas demander son hospitalisation forcée. Quelques jours après son signalement, elle avait assuré qu’il « allait mieux », toujours d’après la même source.

Dimanche soir, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a réclamé que les autorités « puissent exiger une injonction de soins » pour une personne radicalisée suivie pour troubles psychiatriques afin de prévenir des passages à l’acte.


Lundi matin, le ministre de la Place Beauvau estimé qu’il y avait eu un « ratage » dans le suivi « psychiatrique » de l’islamiste radical. « Il y a eu manifestement un ratage psychiatrique, les médecins ont considéré à plusieurs reprises qu’il allait mieux », a-t-il dit sur BFMTV.

« Il a été suivi judiciairement et grâce à ce suivi, le médecin psychiatre a pu de nouveau faire une injonction de soins parce qu’il a une maladie mentale manifestement très prononcée. Et une fois qu’on a terminé cela, la peine de prison et le suivi judiciaire et psychiatrique, il y a manifestement eu un ratage, non pas dans le suivi des services de renseignements, mais […] manifestement psychiatrique », a estimé Gérald Darmanin.

Recherche de preuves d’une préméditation

Armand Rajabpour-Miyandoab a apporté « son soutien aux jihadistes agissant dans différentes zones » au moyen d’une vidéo publiée notamment sur son compte X, qui « comportait de nombreuses publications sur le Hamas, Gaza et plus généralement la Palestine », a déclaré Jean-François Ricard.

L’acte a « potentiellement été préparé depuis plusieurs semaines », analyse une source proche du dossier, et les enquêteurs cherchent à déterminer quand les armes de l’agression ont été achetées.

Le touriste germano-philippin de 23 ans tué au couteau a reçu « deux coups de marteau et quatre coups de couteau » et l’assaillant a crié plusieurs fois « Allah akbar », déclarant être « muni d’une ceinture d’explosifs », a indiqué Jean-François Ricard.

Il s’en est aussi pris, avec un marteau, à deux sexagénaires, l’un Français, l’autre Britannique, qu’il a légèrement blessés avant d’être maîtrisé par les forces de l’ordre et placé en garde à vue dans les locaux de la section antiterroriste de la brigade criminelle de Paris.

Des zones d’ombre sur le suivi médical du suspect

« Issu d’une famille sans aucun engagement religieux », Armand Rajabpour-Miyandoab s’est converti à l’islam à 18 ans et a « très rapidement » versé dans « l’idéologie jihadiste ».

Il avait été condamné à cinq ans de prison pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un acte de terrorisme, après un projet d’action violente à la Défense, en 2016. Il était sorti en mars 2020 de prison.

L’assaillant avait « noué des liens avec des individus ancrés dans l’idéologie jihadiste », comme « l’un des futurs auteurs » de l’assassinat du père Hamel à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), a noté Jean-François Ricard, le procureur antiterroriste.

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L’enquête va désormais tenter de faire la lumière sur la manière dont a été effectué le suivi médical de l’homme au « profil très instable, très influençable », selon une source sécuritaire interrogée par l’AFP.

« L’auteur était soumis à une injonction de soins impliquant un suivi psychiatrique resserré et contrôlé par un médecin coordinateur », « effectif jusqu’à la fin de la mise à l’épreuve le 26 avril 2023 », a indiqué Jean-François Ricard.

Environ 5 200 personnes sont connues pour radicalisation en France, dont 1 600 personnes sont particulièrement surveillées par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), selon une source au sein du renseignement, qui précise que 20 % de ces 5 000 personnes ont des troubles psychiatriques.

La France est « durablement sous le coup de la menace islamiste radicale », a insisté dimanche soir Gérald Darmanin. Le ministre de l’Intérieur a envoyé un télégramme aux préfets, leur demandant une « extrême vigilance » lors de Hanouka, la fête juive des lumières, de jeudi au 15 décembre.

Avec AFP


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