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Sandrine Rousseau : « La voix de la France se doit d’être claire et sans ambiguïté, sur sa propre histoire comme sur la situation israélo-palestinienne »

La possibilité d’une importation du conflit israélo-palestinien en France est une préoccupation importante des pouvoirs publics et met en tension les services de sécurité. L’attaque au couteau à Paris, samedi 2 décembre, évoquant Gaza, même au titre de prétexte, montre combien cette inquiétude est justifiée. Toutefois, pour faire société, et sans doute nation, sur autre chose que le rejet d’une partie de cette même société, il nous faut aller bien au-delà de la question sécuritaire.

En effet, aujourd’hui, juifs comme musulmans ont peur des effets de ce qui se produit au Proche-Orient sur leurs vies et leur sécurité en France. Si nous laissons cette peur s’installer, nous courons à la catastrophe politique que serait la possibilité offerte à des groupuscules d’extrême droite de faire régner l’ordre. Un autre récit doit s’imposer, pour que chacun s’y retrouve, et dont les bases ne se situent pas au Proche-Orient mais bien chez nous.

En premier lieu, il est indispensable de reconnaître la gravité de la Shoah, ses implications actuelles et la responsabilité de la France dans ce génocide. L’attaque du 7 octobre n’a pas été une attaque comme les autres, elle n’a pas été une énième action d’un groupe terroriste de Palestine. Son ampleur, la surprise dans laquelle elle s’est déroulée et la cruauté des assaillants ont réveillé quelque chose de très profond dans la communauté juive qui est, ni plus ni moins, la peur du retour de l’extermination.

D’ailleurs, nous nous sommes beaucoup affrontés au sujet de la qualification des actes du 7 octobre. Sans revenir là-dessus, le mot qui finalement a émergé, et s’est en partie imposé, est celui de « pogrom ». Ce mot renvoie à ce que l’histoire a produit de plus violent et antisémite. Les pogroms font partie de la mémoire du peuple juif. C’est un mot des discriminations anciennes et répétées subies par les juifs d’Europe, dont on connaît l’aboutissement génocidaire.

Des mots sans détour

Composer un récit politique à la hauteur du moment consisterait à poser les termes permettant aux juifs de France de percevoir que nous comprenons absolument la gravité de la situation. Oui, la bête immonde de l’antisémitisme peut à chaque instant se réveiller. Et si elle a été capable de produire le pire une fois, il n’est jamais impossible qu’elle recommence. Dans ce cadre, il serait important qu’Emmanuel Macron ait aujourd’hui, à la suite de Jacques Chirac, des mots sans ambiguïté sur le rôle de la France, mais aussi de nombre de ses dirigeants, dans la montée du nazisme et leur compromission avec ce régime.

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