Close

Le théâtre, un outil pour libérer la créativité et les émotions des futurs ingénieurs

Répétition au labo-théâtre de l’INSA Rouen-Normandie, le 29 mars 2023.

« C’est le début de l’année, mais on travaille déjà les déplacements sur scène, avec en main le texte de nos personnages qu’on ne connaît pas encore par cœur, on affine leur personnalité. On est tous à fond. Pas de temps à perdre : la représentation est en mars. » Non, Flore Bally, 20 ans, n’est pas élève dans une école de théâtre, malgré tous ses mercredis soir ainsi passés sur les planches depuis septembre – ainsi que quelques week-ends – mais étudiante en troisième année à l’Institut national des sciences appliquées (INSA) Rouen-Normandie, spécialité « méca ».

Comme la dizaine de comédiens qui lui donnent la réplique cette année, dans une pièce de théâtre signée Michel Vinaver, la future ingénieure a fait le choix, il y a trois ans, d’alourdir son emploi du temps en s’inscrivant dans la section « théâtre-études » de son école. A côté des cours de matériaux, de calcul numérique, de mécanique ou encore de modélisation, « quoi de mieux que le théâtre pour s’ouvrir au monde et apprendre à parler en public ? Des qualités dont les ingénieurs ont besoin », résume la jeune femme, entre deux heures de cours.

Depuis vingt ans, les employeurs répètent, enquête après enquête, l’importance qu’ils accordent désormais au savoir-être et aux compétences comportementales (communication, empathie, curiosité, etc.) des futurs ingénieurs, en plus de leur bagage technique. En réponse, les formations ont donc développé nombre de cours et TD de communication ou d’expression orale, pour apprendre à leurs élèves tout l’art de pitcher devant des camarades, des collaborateurs ou des clients une nouvelle idée ou création industrielle.

Ni geeks ni introvertis

Toutefois, une poignée d’écoles a, en plus, choisi de proposer des cours d’art et plus particulièrement de théâtre pour développer l’aisance à l’oral de ces futurs ingénieurs, ainsi que leur ouverture au monde et leur créativité. Dans la section théâtre-études de l’INSA, par exemple, de vingt et une heures à trente-cinq heures de cours de théâtre par semestre sont prévues, avec des ateliers permettant de travailler, entre autres, l’expression orale, la respiration, l’attitude corporelle, la relation au public, l’imaginaire et, enfin, pour les plus aguerris comme Flora, la création d’un spectacle de A à Z.

« Au lycée, j’étais le genre d’élève à ne pas pouvoir faire un exposé devant la classe sans que mes mains tremblent énormément en tenant ma feuille, commente Augustin Leclerc, doctorant à l’INSA de 25 ans. Le théâtre me permet aujourd’hui d’être très à l’aise devant un public, d’enseigner en travaux dirigés aux nouveaux étudiants sans notes, etc. » Mais durant ses études, monter sur scène a surtout été pour lui un « loisir et une passion pour souffler entre les cours ». Comprenez : les « vrais » cours – scientifiques et techniques –, ceux qui donnent lieu à des coefficients 1 dans la moyenne, contre 0,25 pour le théâtre.

Il vous reste 65% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top