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Hydrogène : « L’Etat devra subventionner longtemps le passage du  “gris” au “vert” »

Un bus à hydrogène lors de l’inauguration d’une station de production et de distribution d’hydrogène vert à l’aéroport Toulouse-Blagnac, le 4 décembre 2023.

Gaz le plus léger et principal composant chimique de l’univers, l’hydrogène ressemble à un mirage. Il est présent partout mais si difficile à saisir. Depuis que le tocsin du réchauffement climatique a sonné, il est régulièrement donné comme la solution pour sortir notre planète de l’âge des carburants fossiles. Sa combustion n’émet pas de gaz à effet de serre. Seul problème, la majeure partie de l’hydrogène terrestre est présente sous forme d’eau. Et l’extraire de l’eau et le transporter proprement est hors de prix.

Il en est question au sommet de la COP28, à Dubaï, et tous les pays, y compris les plus pétroliers comme ceux du Golfe, déploient de lourds investissements dans ce domaine. En Occident et au Japon, on y voit aussi une promesse de souveraineté. Reste à trouver l’équation économique qui lui donnera vie.

Pour l’instant on en est encore au stade des dépenses. Le gouvernement français a lancé en 2021 un plan doté de 9 milliards d’euros d’ici à 2030 qui vise à faire sortir de terre une filière industrielle complète. D’abord pour fournir l’industrie lourde (chimie, sidérurgie, engrais), mais aussi les transports.

Parrainnage des groupes Michelin, Stellantis et Forvia

Ce mardi 5 décembre, ministres et PDG en ont inauguré un maillon essentiel avec la première usine de la société Symbio, à Saint-Fons (Rhône). Joliment baptisée « SymphonHy », elle va produire des piles à hydrogène qui transforment le gaz en électricité. Elle emploiera 700 personnes et prévoit de produire 15 000 systèmes en 2024 et 50 000 en 2025. Reste maintenant à trouver des acheteurs pour ces appareils destinés à équiper des bus, des camionnettes ou des voitures. Elle pourra compter pour cela sur ses prestigieux parrains, puisque Symbio a pour actionnaires les groupes Michelin, Stellantis et Forvia.

Fidèle à son franc-parler, le PDG de Stellantis, Carlos Tavares, a posé les termes de l’équation. Sa camionnette Opel à hydrogène coûte 100 000 euros. Pour parvenir à un prix plus compétitif, l’Etat devra, selon lui, subventionner 30 000 euros par véhicule pendant cinq ans, sans cela, « la filière s’écroulera », a-t-il ajouté.

Le gouvernement ne s’y est pas engagé, embarrassé qu’il est de devoir aussi subventionner, avec l’aide de l’Europe, une fabrication propre de ce même hydrogène, mobilisant 4 milliards pour combler la différence d’achat entre un hydrogène vert (produit avec des renouvelables) et le gris, obtenu avec du gaz naturel et deux à trois fois moins cher. Pour le patron de Forvia, Patrick Koller, il faudra attendre 2030 avant d’arriver à une vraie compétitivité dans les transports. L’Etat aura-t-il les moyens de tenir jusque-là ?

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