Close

Le Rassemblement national cultive ses alliances avec les partis les plus extrémistes d’Europe

Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, lors d’un meeting avec des dirigeants de partis d’extrême droite européens, à Florence (Italie), le 3 décembre 2023.

Pour avoir longtemps vécu au domaine de Montretout, à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), dans un hôtel particulier dont les portes claquaient régulièrement, Marine Le Pen a acquis une certaine tolérance pour ses voisins de palier. Ainsi ne s’offusque-t-elle pas de la colocation du Rassemblement national (RN), au Parlement européen, avec les derniers alliés de Vladimir Poutine en Europe centrale, des nostalgiques du IIIe Reich ou les partis les plus xénophobes du continent. Qu’importe la stratégie de normalisation en France, l’abandon de ses outrances verbales ou de sa volonté de divorce avec l’Union européenne (UE) : rien ne doit empêcher la reconduction, au Parlement européen, d’un large groupe à l’issue des élections du 9 juin 2024.

Lorsque Le Monde l’interroge sur ces alliés gênants, la cheffe de file du RN, Marine Le Pen, esquive : « On cherche des alliés et pas des clones. Si on est d’accord sur les règles de copropriété, chacun fait ce qu’il veut dans son appartement : il mange comme il le souhaite, choisit ses rideaux et met ce qu’il veut au mur. » Côté déco, un député bavarois du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), l’allié allemand du RN, exposait dans sa chambre un ordre SS signé d’Heinrich Himmler, l’un des principaux organisateurs de la Shoah. La police n’a pas goûté le reste des écrits à la gloire d’Adolf Hitler ni les armes retrouvées sur place, et elle a embarqué l’élu, le 30 octobre. Il reste soutenu par l’AfD, dont la section bavaroise est noyautée, selon la presse allemande, par une fraternité néo-nazie.

Selon les sondages réalisés cet automne, le RN et l’AfD pourraient constituer deux des plus grosses délégations du futur Parlement européen. Les deux partis devraient diriger de concert Identité et démocratie (ID), nom actuel du groupe parlementaire des extrêmes droites européennes au sein duquel siège le RN. Avec leurs alliés, ils pourraient, selon la projection de l’organisation Europe Elects en date du 30 novembre, constituer le quatrième groupe par ordre d’importance, dans les mêmes eaux que les droites réactionnaires rassemblées au sein d’ECR (European Conservatives and Reformists) autour du parti Frères d’Italie de Giorgia Meloni et des Polonais du parti Droit et justice. Le Fidesz du premier ministre hongrois, Viktor Orban, est en revanche toujours sans affiliation.

Constituer une minorité de blocage

Marine Le Pen a abandonné ses ambitions de décrocher un large groupe uni dans le rejet de l’immigration et de l’UE, actant les rivalités nationales et des divergences diplomatiques, sociétales, économiques. La dirigeante d’extrême droite souhaite désormais, avec ECR, constituer une minorité de blocage au Parlement européen, fondée sur trois oppositions : à l’immigration, au Pacte vert pour l’environnement et à une fédéralisation de l’UE.

Il vous reste 70% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top