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LBO : la grande panne des fonds d’investissement

La fête est finie pour le LBO (« leveraged buy-out ») ou rachat d’entreprise par endettement. Du moins temporairement. La brutale remontée des taux, enclenchée à l’été 2022, a mis un coup d’arrêt à la martingale qui avait permis aux Advent, Carlyle ou Bain Capital de rivaliser avec les plus grandes entreprises sur le marché des fusions-acquisitions. A l’image d’Ardian, le géant de l’investissement fondé par la Française Dominique Senequier, appelé au secours par Suez en quête d’un chevalier blanc contre Veolia, à l’automne 2020.

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Trois ans après, l’industrie est en panne, la faute au marché des fusions-acquisitions dont le moteur est grippé. « Les vendeurs et les acheteurs ont du mal à s’entendre sur une valorisation, souligne Hubert Preschez, associé de la banque d’affaires Messier & Associés, il a fallu du temps pour que l’augmentation des coûts de financement soit intégrée dans les prix. Mais cela s’améliore. Le problème, désormais, concerne l’environnement économique dégradé qui pèse sur les résultats de certaines entreprises mais là aussi nous voyons poindre une certaine stabilisation. »

« Les vendeurs qui détiennent des actifs recherchés ne veulent pas les brader. Ils préfèrent temporiser », ajoute Denis Criton, associé du cabinet d’avocat Latham & Watkins. Cela n’empêche pas, bien sûr, quelques grosses transactions d’aller de l’avant, comme le rachat en novembre d’Adevinta (propriétaire de Leboncoin) pour plus de 12 milliards d’euros par un consortium mené par Permira et Blackstone.

Une danse à trois temps

Mais la tendance est bien là. De janvier à septembre, les fonds d’investissement ont vendu pour 245 milliards de dollars (225 milliards d’euros) d’actifs dans le monde, selon Dealogic, soit une chute de 51 % par rapport à la même période en 2022. Pourquoi est-ce important ? Parce que le LBO est une danse à trois temps.

Un, les gérants d’Apollo ou Permira recueillent des capitaux auprès de fonds de pension, banques privées ou encore assureurs. Deux, ils investissent cet argent dans des entreprises. Trois, ils revendent en moyenne cinq ans après et rendent aux investisseurs leur mise initiale assortie d’une jolie culbute. Cela permet alors aux apporteurs de capitaux de réinvestir dans un nouveau fonds levé par les gérants. Et ainsi de suite…

Quand assureurs et consorts ne récupèrent pas leur pécule, la valse s’interrompt. « Les investisseurs doivent maintenir un équilibre entre les capitaux qu’ils reçoivent et ceux qu’ils confient. S’ils ne perçoivent plus de distributions régulières de la part des fonds d’investissement, il leur est difficile de s’engager à participer à de nouvelles levées », explique François Aguerre, associé chez Coller Capital, dont la spécialité est de racheter des parts de fonds sur le marché secondaire, l’équivalent du marché de l’occasion, en plein boom.

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