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Référendum au Venezuela : l’intégration de l’Essequibo, un territoire du Guyana riche en pétrole, largement plébiscitée

Une femme vote, le 3 décembre 2023 à Caracas, lors du référendum sur l’avenir de l’Essequivo, région du Guyana revendiquée par le Venezuela.

Sans surprise, les Vénézuéliens se sont dits favorables à l’intégration à leur pays de l’Essequibo, un territoire riche en pétrole sous administration du Guyana, à l’issue du référendum qui s’est tenu dimanche 3 décembre.

« Victoire évidente et écrasante du “oui” lors du référendum consultatif sur l’Essequibo », a déclaré, en soirée, le président du Conseil national électoral (CNE), Elvis Amoroso. Les cinq questions soumises au vote ont toutes reçu plus de 95 % de “oui” lors de ce scrutin qui a recueilli près de 10,5 millions « de votes », sur vingt et un millions d’inscrits, selon le CNE.

« L’Essequibo est à nous », proclamait le slogan officiel placardé partout dans les rues. « Nous votons en tant que Venezuela pour une seule couleur, un seul sentiment. Nous votons pour que le Venezuela soit respecté », avait déclaré le président vénézuélien, Nicolas Maduro, après avoir voté dans un fort militaire.

Mais le référendum, qui n’est pas un scrutin d’autodétermination − l’Essequibo étant sous administration du Guyana −, n’aura pas de conséquences concrètes à court terme, Caracas cherchant avec le plébiscite attendu à renforcer sa crédibilité et ses prétentions. Les autorités ont souligné qu’elles ne cherchaient pas un motif pour envahir la zone, comme le craignent les Guyaniens.

Le Guyana sur la défensive

Au Guyana, des milliers de personnes, dont beaucoup agitaient des drapeaux ou portaient des tee-shirts « L’Essequibo appartient au Guyana » ont formé des chaînes humaines le long des routes du pays pour montrer leur attachement à ce territoire.

« Je tiens à assurer aux Guyaniens qu’il n’y a rien à craindre dans les heures, les jours et les mois à venir, a affirmé Irfaan Ali, le président du Guyana, sur Facebook dimanche. « Nous travaillons vingt-quatre heures sur quatre heures pour veiller à ce que nos frontières restent intactes. » « Notre première ligne de défense est la diplomatie et nous sommes dans une position très, très forte », a-t-il ajouté, assurant que le pays avait un vaste soutien international.

Après des appels d’offres pétroliers guyaniens et une nouvelle découverte d’or noir en octobre, la tension est montée ces derniers mois avec des déclarations musclées, des exercices militaires et l’évocation de l’installation de bases américaines.

Une frontière contestée de longue date

Le Venezuela revendique depuis des décennies ce territoire, parfois appelé Guayana Esequiba, de 160 000 kilomètres carrés, représentant plus des deux tiers du Guyana et où vivent 125 000 personnes, soit un cinquième de sa population.

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Caracas soutient que le fleuve Essequibo devrait être sa frontière naturelle, comme en 1777 à l’époque de l’empire espagnol, et estime que le Royaume-Uni s’est octroyé des terres vénézuéliennes au XIXe siècle.

Le Guyana, qui se place en haut de la liste de réserves de pétrole per capita dans le monde, estime que la frontière date de l’époque coloniale anglaise et que celle-ci a été entérinée en 1899 par une cour d’arbitrage. Le pays a saisi la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute instance judiciaire des Nations unies, pour la faire valider. Georgetown a aussi saisi la CIJ pour tenter de faire stopper le référendum, évoquant une incitation à « la violation des droits internationaux ».

En vain. Dans une décision vendredi, la CIJ a enjoint à Caracas de « s’abstenir d’entreprendre toute action qui modifierait la situation dans le territoire en litige », sans toutefois mentionner le référendum.

Depuis la COP28 à Dubaï, Luiz Inacio Lula da Silva, le président du Brésil, voisin des deux pays, a « espéré que le bon sens va prévaloir ». « Il y a un référendum, qui aboutira probablement au résultat souhaité par Maduro. (…) Mais s’il y a une chose dont le monde n’a pas besoin, dont l’Amérique du Sud n’a pas besoin, c’est de troubles », a ajouté Lula.

Le Monde avec AFP

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