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« Apartheid : un meurtre à Paris », sur Planète+ Crime : l’étrange affaire Dulcie September

Dulcie September, la représentante du Congrès national africain, assassinée le 29 mars 1988.

PLANÈTE+ CRIME – DIMANCHE 3 DÉCEMBRE À 21 HEURES – MINISÉRIE DOCUMENTAIRE

« Ils ont osé le faire à Paris ! » Ces mots toujours empreints d’incrédulité sont ceux de Jacqueline Dérens, amie française de la Sud-Africaine Dulcie September, assassinée le matin du 29 mars 1988, devant son bureau parisien du Congrès national africain, rue des Petites-Ecuries.

Qui a tiré au silencieux les cinq balles de calibre 22 qui ont détruit le visage de la militante anti-apartheid de 52 ans, représentante officielle en France de Nelson Mandela ? Tenter de résoudre cette énigme toujours non élucidée, c’est replonger dans l’histoire du régime raciste, mais aussi démêler les liens troubles que la France entretenait avec l’Afrique du Sud malgré les sanctions imposées par l’Organisation des Nations unies.

Car derrière la désapprobation officielle, les affaires continuent en secret : ventes d’armes, matériel militaire, pétrole, nucléaire, technologies de surveillance… C’est « ce double jeu », selon ses mots, que va découvrir Dulcie September les derniers mois de sa vie, durant lesquels elle va enquêter sans relâche, voulant dénoncer le « trop grand silence sur la collaboration » entre les deux pays.

En trois épisodes glaçants, Pauline Liétar pose les questions qui fâchent. Qui a commandité le l’assassinat ? Qui l’a exécuté ? Pretoria pouvait-il planifier un tel crime sans la complicité de réseaux français ? Pourquoi François Mitterrand, qui avait offert l’asile à l’émissaire de Mandela encore emprisonné, aurait-il laissé faire ? Pourquoi Charles Pasqua, ministre de l’intérieur, n’a pas répondu à la demande de protection de Dulcie September ? Pourquoi la justice a-t-elle prononcé un non-lieu en 1992 sans avoir exploré la piste la plus sérieuse qui menait au mercenaire Bob Denard ? « Tout ça n’a pas été fait correctement », tranche l’avocat de la famille, Yves Laurin, dans le documentaire.

Effacée de la mémoire collective

De précieux témoins acceptent d’apparaître face caméra pour la première fois. Pauline Liétar fait parler des acteurs de premier plan – diplomates, agents de la direction générale de la sécurité extérieure, enquêteurs – et exhume le témoignage accablant du sordide chef de la police politique du régime sud-africain, Eugene de Kock, interrogé lors de la Commission vérité et réconciliation en 1998.

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Sonder ce qui a tout d’une affaire d’Etat, c’est aussi découvrir l’émotion considérable que la mort de la militante, aujourd’hui effacée de la mémoire collective, avait suscité en France. C’est voir surgir des archives ces milliers de Parisiens suivant le cortège funèbre jusqu’au Père-Lachaise, écoutant l’éloge public de Georges Marchais, secrétaire général du Parti communiste français, et cette foule de militants « Touche pas à mon pote » réclamant justice aux cris de « Dulcie est notre amie ! »

Apartheid : un meurtre à Paris retrace l’itinéraire singulier d’une métisse révoltée, prête au « sacrifice suprême », racontent ses proches, pour une cause juste et qui aura connu la prison, le bannissement, l’exil, et la mort, sur le palier d’un immeuble parisien, presque en silence.

« Apartheid : un meurtre à Paris. » Minisérie écrite et réalisée par Pauline Liétar (Fr., 2023, 3 × 30 min). Diffusée à partir du 3 décembre à 21 heures sur Planète+ Crime et disponible sur MyCanal.

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