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La momie péruvienne Juanita retrouve un visage, après avoir passé 500 ans sous la glace

Le buste en silicone de Juanita est désormais visible au Musée des sanctuaires andins d’Arequipa (Pérou).

Dans ses rêves, Johan Reinhard a déjà vu Juanita. « Mais elle n’avait qu’un vague visage », regrette-t-il. En 1995, cet archéologue et anthropologue américain a fait partie de l’équipe péruvienne ayant découvert le corps d’une jeune fille en position foetale, au sommet du volcan endormi Ampato près d’Arequipa, dans le sud du Pérou.

Emprisonnée dans la glace pendant plus de cinq cents ans à quelque 6 300 mètres d’altitude, Juanita, aussi appelée la « dame d’Ampato », présente un état de conservation exceptionnel. Les organes de cette jeune fille de 14-15 ans, tels que son cœur, ses reins ou son estomac, sont complets et intacts. Sa peau et ses habits sont bien conservés. Seul son visage a été défiguré, soumis aux intempéries.

Près de trente ans après cette découverte, le visage de Juanita est précisément ce que se sont attachés à reconstituer des scientifiques polonais de l’université de Varsovie, un scientifique sculpteur suédois, avec l’aide des équipes péruviennes de l’Université catholique Santa Maria d’Arequipa. Dévoilé à la fin octobre, le buste en silicone permet de visualiser l’adolescente peu avant son sacrifice lors du rituel inca Capacocha, qui visait à faire le lien entre le monde des Huacas (le sacré) et des humains. La sculpture est désormais visible au Musée des sanctuaires andins d’Arequipa, aux côtés du cadavre. « Tout à coup, elle redevient vivante », s’émeut Johan Reinhard.

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La reconstitution historique répond avant tout à un objectif humain, explique Franz Grupp Castelo, conservateur du patrimoine et coordinateur des musées de l’Université catholique Santa Maria. « En voyant à quoi ressemblait Juanita quelques jours avant sa mort, les visiteurs peuvent mieux comprendre et apprécier la dimension humaine de son histoire, celle d’une jeune fille sacrifiée aux divinités. »

Pour réaliser cette prouesse, il a d’abord fallu planifier une sortie particulière hors du musée. « Un dimanche matin, pour éviter le trafic routier, on a transporté la momie jusqu’à une clinique. Elle est conservée en permanence à – 20 °C pour que son état ne s’altère pas », se remémore-t-il. Pendant dix minutes, pas plus, Juanita a été sortie de sa chambre froide et soumise à des tests, à commencer par un prélèvement ADN. Une tomodensitométrie (scanner) du corps a permis de déterminer la taille et l’état des os.

Quatre cents heures de travail à la main

Les échantillons rapportés en Europe permettront par la suite de conduire des analyses isotopique et toxicologique, pour étudier respectivement ses habitudes alimentaires et l’exposition à des agents toxiques. Ces éléments sont précieux pour la compréhension du rite capacocha et feront l’objet d’articles scientifiques, souligne Dagmara Socha. Depuis 2018, cette archéologue mène des recherches avec d’autres scientifiques du Centre d’études andines de l’université de Varsovie sur des corps et des objets retrouvés sur le sommet Ampato, mais aussi sur les volcans péruviens Misti et Pichu Pichu, à l’est d’Arequipa.

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