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Hausse des prix : les économies d’Europe centrale bouleversées par la vague inflationniste

Au marché Bosnyak, à Budapest, le 1er juin 2023.

« Le pain, le fromage, les fruits… » La liste des produits dont le prix a le plus augmenté ces dernières années en Hongrie, dressée spontanément par Gabriella Balint, professeure d’anglais et guide touristique de 51 ans habitant à Budapest, est éloquente : il s’agit avant tout de denrées de base de l’alimentation des Hongrois. « Et pour les gens des campagnes, c’est encore plus difficile », estime cette citadine, qui constate que même le petit restaurant de quartier de sa mère a fait exploser les prix : son menu du midi est passé de 1 900 forints (5 euros) à 2 800 forints (7,40 euros).

Ces deux dernières années, la Hongrie a connu la pire inflation de toute l’Union européenne, avec une hausse des prix cumulée de plus de 33 %. Début novembre, le gouvernement du nationaliste Viktor Orban a toutefois pu enfin célébrer le passage du très symbolique taux annuel sous les 10 %, avec 9,9 % de hausse enregistrée en octobre. « Je suis heureux qu’on puisse tenir l’engagement qu’on avait pris de faire passer l’inflation sous la barre des deux chiffres », s’est réjoui le 9 novembre Gergely Gulyas, chef de cabinet de M. Orban, alors que l’inflation annuelle atteignait encore les 25 % début 2023.

Les biens alimentaires ont connu une hausse supérieure à 60 % en deux ans, avec des pics encore plus élevés pour des produits comme les œufs ou la farine. Cette hausse des prix s’est traduite par un choc de niveau de vie profond pour les plus pauvres des Hongrois. Ces derniers se sont mis à acheter en plus grande quantité, en gros − ce qui fait baisser les prix unitaires−, et à se rendre plus fréquemment dans les commerces pour ne pas rater les promotions. Déjà première chaîne de supermarchés du pays, le discounter allemand Lidl a ainsi encore accru ses parts de marché, en proposant notamment un très populaire panier « Sauvons-les ! » qui offre 3,5 kilogrammes de fruits et légumes abîmés ou flétris pour seulement 1 euro. Les prêts à la consommation ont aussi augmenté fortement.

Effets statistiques mécaniques

« La Hongrie faisait déjà face à une pression sur les prix très forte avant même l’épidémie de Covid-19, en raison des hausses de salaire et du manque de main-d’œuvre », explique Peter Virovacz, économiste à la branche hongroise de la banque ING. « Mais cela s’est aggravé ensuite en raison de la grande dépendance énergétique de son économie, de la faible productivité de son secteur agroalimentaire et des mesures du gouvernement pour soutenir les ménages avant les élections de 2022 », avance-t-il pour expliquer cette première place hongroise dans une Europe centrale qui a globalement connu une inflation nettement plus forte qu’à l’Ouest en raison de sa proximité avec l’Ukraine.

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