Close

COP28 : la sortie des énergies fossiles, éternel tabou des conférences sur le climat

La raffinerie de pétrole d’Atyrau, propriété de la compagnie nationale d’énergie KazMunayGas, dans la ville d’Atyrau (Kazakhstan), le 15 novembre 2023.

C’est l’éléphant dans la pièce. Un très gros éléphant. Les combustibles fossiles (charbon, pétrole et gaz) sont à l’origine de 80 % des émissions de gaz à effet de serre, ce qui leur confère le rôle de principaux responsables de la crise climatique qui menace l’humanité. Et pourtant, au cours des trois dernières décennies, par un incroyable tour de passe-passe, ils ne se sont jamais retrouvés sur le devant de la scène des négociations climatiques. Il aura fallu attendre la vingt-huitième conférence mondiale sur le climat (COP28), qui doit s’ouvrir le 30 novembre à Dubaï, aux Emirats arabes unis, pour que le sujet de la sortie de l’ensemble des énergies fossiles soit inscrit à l’ordre du jour.

Preuve de ce tabou, le mot « fossile » n’apparaît dans aucune décision adoptée à l’issue des COP jusqu’en 2021. Il ne figure pas non plus dans le protocole de Kyoto de 1997, ni dans l’accord de Paris de 2015, les deux jalons de la diplomatie climatique. « Lorsque nous préparions l’accord de Paris, nous avons essayé beaucoup de formules, dont celles d’un abandon progressif des fossiles, se remémore Laurence Tubiana, l’une des architectes de ce texte. Mais cela a suscité un blocage complet. C’est pour cela que nous sommes passés par le biais du terme “ émissions de gaz à effet de serre ”. »

L’accord prévoit que les Etats prennent des engagements volontaires pour réduire leurs émissions, afin de limiter le réchauffement sous la barre des 2 °C, et si possible de 1,5 °C. Les émissions, mais aussi la comptabilité carbone de chaque pays, sont structurantes dans le processus de négociation. « Depuis le début, on comptabilise les émissions là où elles sont brûlées, pas là où elles sont produites, précise Romain Ioualalen, de l’ONG Oil Change International. Cela a contribué à masquer la question des énergies fossiles : comme la source des émissions n’entrait pas dans le cadre, on n’en parlait pas. »

Des « difficultés spéciales »

La nature même des discussions explique aussi la difficulté à aborder frontalement l’enjeu des combustibles fossiles. De manière générale, les Etats sont particulièrement réticents à s’engager, dans le cadre d’accords internationaux, sur des mesures ayant des conséquences directes sur leurs politiques nationales. Depuis l’établissement, en 1992, de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), les pays ont avant tout travaillé à s’accorder sur de grands objectifs. Avec l’idée que chacun, ensuite, serait libre de décider comment les mettre en œuvre.

Il vous reste 75% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top