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Au Royaume-Uni, l’acquisition du « Daily Telegraph » par Abu Dhabi inquiète le parti conservateur

Dans le métro de Londres, en 2010.

Abou Dhabi semble décidément aimer les trophées britanniques. Après l’équipe de football de Manchester City, l’émirat va-t-il s’offrir le Daily Telegraph, le grand journal de la droite outre-Manche ? Alors que l’accord financier pour l’acquisition était bouclé, le gouvernement britannique a décidé d’intervenir.

Jeudi 30 novembre, il a saisi deux régulateurs, l’Ofcom, chargé des médias, et la CMA, l’autorité de la concurrence. Ceux-ci vont devoir décider d’ici au 24 janvier si l’acquisition présente un risque pour « l’intérêt public » du Royaume-Uni. En particulier, ils doivent s’assurer que « le besoin d’une présentation juste des informations et de l’expression de la liberté d’expression dans les journaux » est respecté.

La possible acquisition de l’influent quotidien – journal pro-Brexit, qui a longtemps publié les chroniques de Boris Johnson – par un fonds contrôlé par le cheikh Mansour Ben Zayed, le dirigeant d’Abou Dhabi et vice-président des Emirats arabes unis, provoque l’émoi au sein du parti conservateur. Le 29 novembre, dix-huit députés tories ont publié une lettre ouverte estimant que la transaction présentait « une menace potentielle très réelle pour la sécurité nationale ».

Quasi-faillite

Charles Moore, un ancien rédacteur en chef du Telegraph, qui y tient encore une chronique, s’est également opposé à cette vente. « Ce serait une nationalisation [d’un quotidien national britannique] par un pays qui n’a pas de liberté de la presse. Les Emirats arabes unis sont peut-être l’un des Etats arabes les mieux gouvernés, avec une tradition amicale envers le Royaume-Uni, mais même leurs meilleurs amis ne prétendraient pas qu’il s’agit d’une démocratie. »

La possible mainmise d’Abou Dhabi sur le Daily Telegraph est le résultat de la quasi-faillite des actuels propriétaires. En 2004, les frères jumeaux Frederick et David (aujourd’hui décédé) Barclay ont acheté le quotidien pour 665 millions de livres (775 millions d’euros). L’origine et le montant exacts de leur fortune n’ont jamais été très clairs. Les deux hommes dépendaient notamment d’un réseau de dettes enregistrées dans les paradis fiscaux. Après de très longues négociations infructueuses pour le remboursement d’une de leurs dettes, d’un montant de 1,14 milliard de livres (1,3 milliard d’euros), leur banque créditrice, Lloyds Banking Group, a saisi cet été deux de leurs principaux actifs : le Daily Telegraph, ainsi qu’un hebdomadaire, The Spectator, également influent dans le milieu conservateur.

La banque les a ensuite mis en vente. Au moins trois parties étaient intéressées : Rupert Murdoch, par ailleurs propriétaire du Sun et du Times, DMGT, l’entreprise qui possède le Daily Mail, un autre quotidien, et Paul Marshall, un financier qui a récemment lancé la chaîne d’information GB News.

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