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Un ancien syndicaliste CGT du secteur de l’hôtellerie condamné pour « escroquerie »

Claude Lévy, ancien trésorier de la CGT-HPE, lors d’une manifestation des femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolles, à Paris, le 17 octobre 2019.

Sous les couleurs de la CGT, il a mené d’innombrables luttes pour soutenir les prolétaires de l’hôtellerie en Ile-de-France. Dernier fait d’armes marquant : c’était au printemps 2021, lorsque les femmes de chambres employées dans un établissement Ibis du quartier des Batignolles à Paris arrachèrent un accord améliorant leurs rémunérations et leurs conditions de travail, au bout de vingt-deux mois de mobilisation.

Mais son image de militant pugnace, bête noire des patrons, vient d’en prendre un coup. Claude Lévy a été condamné, mardi 28 novembre, à huit mois de prison avec sursis et 5 000 euros d’amende pour escroquerie. La 14e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Nanterre reproche au sexagénaire, aujourd’hui à la retraite, d’avoir « abusé » de sa qualité de « défenseur syndical » en demandant de l’argent à des salariés qu’il assistait, alors qu’il exerçait « un mandat désintéressé, qui n’implique aucune contrepartie financière ».

En dehors de l’ancien trésorier de la CGT-Hôtels de prestige et économiques (CGT-HPE), deux autres personnes étaient poursuivies. Tiziri Kandi, ex-trésorière adjointe de cette organisation et épouse de M. Lévy, s’est vu infliger six mois de prison avec sursis et 5 000 euros d’amende pour les mêmes motifs que son mari. Quant à Antoinette Renssen, ancienne secrétaire administrative de la CGT-HPE et ex-femme de M. Lévy, elle a été relaxée.

« Pression psychologique »

L’affaire a éclaté en 2019, quand une juriste, récemment recrutée par la CGT-HPE, a découvert que M. Lévy sollicitait des « dons » auprès des personnes qu’il accompagnait, dans des recours aux prud’hommes ou à l’occasion de différends avec leurs employeurs. Elle s’en est émue, en interne et auprès du syndicaliste, en rappelant que de telles pratiques violaient « le principe essentiel de la gratuité de la défense syndicale », selon la formule utilisée par le tribunal de Nanterre dans sa décision. M. Lévy, lui, a fait valoir, à l’époque, que les remises d’argent incriminées servaient à financer le syndicat ainsi que les caisses de grève et qu’elles avaient été validées par les organes dirigeants de son organisation.

L’alerte de la juriste a donné lieu à un audit puis à une enquête pénale. Au terme de la procédure, près d’une cinquantaine de femmes et d’hommes, issus de l’immigration pour la plupart, se sont déclarées victimes des agissements de M. Lévy, qui consistaient à réclamer des frais de dossiers (entre 150 euros et 250 euros) et une commission de 10 % sur le montant total des indemnités obtenues aux prud’hommes. Deux structures de la CGT – l’union régionale Ile-de-France et l’union départementale Paris – se sont également constituées parties civiles dans le dossier, estimant que les méthodes de M. Lévy étaient intolérables et éclaboussaient toute la famille cégétiste.

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