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Tabagisme : « Il faut avancer sur la voie de la réduction des risques »

Les conduites addictives nous concernent tous. Elles ont un impact significatif sur la santé publique et engendrent la dégradation de la qualité de vie ainsi que de graves handicaps familiaux, sociaux et professionnels. L’alcool est responsable de 49 000 décès par an en France, et la cigarette est à l’origine de 75 000 morts. C’est pour cela que se tient, depuis le 1er novembre, la 8e édition du Mois sans tabac. Cet accompagnement est primordial, car arrêter de fumer pendant un mois multiplie par cinq les chances de sortir de la cigarette.

Pourtant, si Santé publique France rappelle que 1,2 million de personnes ont participé à l’opération depuis sa création, force est de constater que le nombre de fumeurs ne baisse plus. La France en compte toujours 15 millions. Multiplier le prix du paquet par trois en vingt ans n’a fait baisser que de quatre points la prévalence tabagique ; bien loin de l’objectif de réduction du nombre de fumeurs. Comment y voir autre chose qu’un échec ?

L’heure n’est plus à sanctionner les fumeurs, mais à les comprendre et à les accompagner. Il faut regarder cette réalité en face pour en finir avec la tyrannie de l’idéal et proposer ce qui fonctionne déjà à l’étranger. L’African Global Health réunissait d’ailleurs, en octobre, la 2e Conférence africaine sur la réduction des risques en santé, dont les participants, venus de plus de 80 pays, ont abordé notamment la gestion de l’addiction.

Appliquer une politique de réduction des risques, c’est également la conclusion d’un rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) publié récemment. Députés et sénateurs reconnaissent qu’un fumeur n’a pas toujours la capacité de sortir de son addiction à la nicotine, et qu’une troisième voie, complémentaire à la prévention et au sevrage, a sa place. Ils constatent que cette stratégie, au plus proche des attentes des personnes addicts, a déjà fait ses preuves pour la gestion d’autres addictions (notamment l’héroïnomanie), et à l’étranger, comme au Royaume-Uni et en Suède, pour le tabagisme.

Dès 2019, une autre assemblée, le Conseil économique social et environnemental (CESE), appelait déjà à la mise en place d’une politique de réduction des risques pour l’alcool et le tabac. La récente campagne de prévention contre l’alcool « C’est la base » montre que cela commence à être fait pour l’alcool, mais rien sur le tabagisme !

« Vape bashing »

Concrètement, comment faire ? Si rien n’est jamais simple en matière de santé, surtout quand on parle des addictions, les pistes ne manquent pas. A côté des traitements nicotiniques de substitution reconnus (gommes, patchs…), des « produits émergents », comme les appelle l’Organisation mondiale de la santé, peuvent offrir des options crédibles aux fumeurs pour sortir de la cigarette et diminuer le risque de développer des maladies liées à la pratique tabagique avec combustion. Chacun de ces nouveaux produits peut correspondre à un profil de fumeur, selon son accoutumance. L’OPECST précise d’ailleurs que les arômes, autres que celui du tabac, peuvent jouer un rôle-clé.

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