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Nucléaire : les start-up se multiplient sur le marché des petits réacteurs

Etudes expérimentales sur les SMR au CEA-Cadarache, à Saint-Paul-lez-Durance (Bouches-du-Rhône), le 23 novembre 2023.

Le coup venu des Etats-Unis a été aussi rude que vite encaissé par les partisans des petits réacteurs modulaires, convaincus que ces centrales nucléaires de faible puissance ont l’avenir devant elles. John Hopkins, PDG de la société NewScale Power, a annoncé, jeudi 9 novembre, l’abandon du projet de « small modular reactor » (SMR) prévu dans l’Idaho, les collectivités locales n’ayant pas été assez nombreuses à soutenir une initiative – baptisée « Carbon Free Power Project » (CFPP) – dont le coût avait explosé en quelques mois et avec lui le prix de l’électricité fournie.

Si le CFPP est « un cheval mort », selon M. Hopkins, sa société n’a pas enterré d’autres projets aux Etats-Unis et en Europe. Terra Power, du fondateur de Microsoft, Bill Gates, n’a pas davantage renoncé. Et Sam Altman, patron de la société d’intelligence artificielle OpenAI, est bien résolu à faire entrer en Bourse Oklo, sa start-up qui veut révolutionner le nucléaire. En attendant, seuls deux géants publics, le chinois CNNC et le russe Rosatom, exploitent un SMR, mais près de 80 projets sont développés à travers le monde.

Leurs promoteurs, souvent privés, voient de multiples atouts dans des technologies bas carbone qui s’inspirent des réacteurs nucléaires de propulsion de navires ou de sous-marins : les modules sont fabriqués en usine et assemblés sur site, réduisant durée et coûts de construction ; ils n’ont pas toujours besoin d’être raccordés au réseau électrique ; ils bénéficient de sûretés passives qui empêchent l’emballement de la réaction nucléaire et la fonte du cœur ; les surgénérateurs brûlent les déchets ; ils sont adaptés pour alimenter les sites industriels, remplacer des centrales au charbon, au gaz ou au fioul émettrices de CO2, voire assurer le chauffage urbain ou le dessalement d’eau de mer.

Une technologie très maîtrisée

Jusqu’à présent, la France a privilégié les gros réacteurs. Le dernier en date, l’EPR (1 650 mégawatts) est le plus puissant au monde. Il a fallu le plan France 2030, qui flèche 1 milliard d’euros vers ces équipements, et surtout la relance d’un programme nucléaire par le président de la République, Emmanuel Macron, en février 2022, pour que les industriels regardent les SMR avec plus d’intérêt. Et qu’EDF crée, en mars, une filiale, NuWard (pour « nuclear forward »), sur la base d’un programme existant du même nom.

Avec le CEA, Framatome, Tractebel, Naval Group et TechnicAtome, deux spécialistes des chaufferies des sous-marins à propulsion nucléaire, EDF prévoit la construction, à partir de 2030, d’une centrale dotée de deux réacteurs à eau pressurisée de 170 MW, une technologie très maîtrisée depuis plus de soixante ans. Le CEA travaille aussi sur deux « concepts » de SMR à neutrons rapides et Orano sur une autre technologie pour réduire les déchets des centrales actuelles.

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