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Maladies à prions : la Norvège surveille ses cervidés

« Ç’a été le branle-bas de combat ! » Sylvie Benestad se souvient très clairement de ce printemps 2016, où le premier cas européen de maladie du dépérissement chronique (CWD) a été identifié chez un renne sauvage de la montagne de Nordfjella, dans le sud-ouest de la Norvège. Cette Française, qui vit depuis plus de trente ans à Oslo, était alors responsable des analyses sur les prions à l’Institut vétérinaire de Norvège. Des naturalistes chargés d’un programme de recherche sur les mouvements de la faune sauvage venaient d’assister à la mort soudaine d’un renne, lors d’une intervention pour poser un collier GPS à l’un des animaux de la harde.

« L’animal a été envoyé chez nous, et son cerveau nous a été adressé », raconte la chercheuse, qui a aussitôt soumis un échantillon à un test rapide de détection des prions pathogènes mis au point par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de -seine) vingt ans plus tôt, lors de la crise de la « vache folle ». Face au résultat positif – « une énorme surprise » –, elle multiplie les examens et, « au bout d’une semaine, [elle] n’avai[t] plus de doute » : ce renne sauvage souffrait d’une maladie à prions identique à celle identifiée chez des cervidés à la fin des années 1960 dans le Colorado, qui, depuis, s’est répandue dans la quasi-totalité des Etats-Unis et au Canada, mais n’avait encore jamais été observée en Europe.

Il n’existe ni traitement ni vaccin vétérinaires contre la CWD. Elle peut incuber plusieurs années avant l’apparition des symptômes et la mort de l’animal. Elle s’apparente à l’encéphalopathie spongiforme bovine, dite maladie de la « vache folle », et à la tremblante du mouton, elles aussi dues à des prions. Face au risque de dissémination dans la faune et le bétail, et aux interrogations sur la transmission à l’homme, une vaste campagne de dépistage est alors décidée par les autorités norvégiennes.

Apparition spontanée

« Lors des mois qui ont suivi, nous avons analysé 10 000 cervidés », raconte Sylvie Benestad. Deux mois après le premier renne, deux cas chez des élans sont identifiés à 300 kilomètres de là, puis deux rennes supplémentaires sont dépistés, avant un premier cerf élaphe, en 2017. « Notre réseau était déjà en place pour la surveillance des maladies à prions, de la vache folle et des formes de la tremblante du mouton, parmi lesquelles Nor98, une souche atypique découverte en Norvège en 1998 », précise la chercheuse.

Même si la Norvège n’est pas membre de l’Union européenne, Sylvie Benestad fait partie d’un groupe d’experts auprès de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), qui, depuis la crise de la « vache folle », est sensibilisée au risque prion. Une opération de surveillance est lancée au début de 2018 en Suède, en Finlande, en Islande, en Pologne et dans les pays baltes, qui s’est achevée à la fin de 2020. A ce jour, la Norvège regroupe la grande majorité des cas : 21 rennes, douze élans et trois cerfs. Viennent ensuite la Suède et la Finlande, avec respectivement quatre et trois élans à ce jour.

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