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Meurtre d’un adolescent à Crépol : une enquête complexe face aux « interprétations hâtives »

 Aux obsèques de Thomas, adolescent tué le 19 novembre 2023 lors d’un bal de village à Crépol (Drôme). A Crépol, le 24 novembre 2023.

Il aura fallu attendre sept jours après la mort de Thomas, 16 ans, tué dans la nuit du samedi 18 au dimanche 19 novembre dans un bal de village à Crépol, dans la Drôme, pour commencer à y voir un peu plus clair dans le déroulement de cette tragédie. Dans une affaire aussi complexe à démêler – quatre cents participants à la soirée, plus d’une centaine de témoins auditionnés – le temps de l’enquête satisfait rarement la demande légitime de réponses immédiates. Il contredit aussi parfois les interprétations hâtives.

Dans les premières heures, chaque témoin raconte sa part de vérité, un segment d’une chronologie qu’il faut ensuite reconstituer. Les témoignages initiaux, résumés par le procureur de Valence, lundi, deux jours après le drame, dessinaient ainsi le scénario d’un groupe de jeunes « extérieurs à la soirée » qui seraient « venus pour en découdre ». Dans certains médias, des témoins avaient lâché un mot, « attentat », et des comptes d’extrême droite n’ont pas hésité à établir un parallèle avec le Hamas sur les réseaux sociaux.

Dans la tempête médiatique, l’enquête a progressé rapidement, autant qu’il était possible. Après quatre-vingt-seize heures de garde à vue, neuf suspects, qui avaient été interpellés mardi, ont été mis en examen, samedi 25 novembre, pour « meurtre en bande organisée », « tentatives de meurtre » ou « violences volontaires commises en réunion ». Six ont été placés en détention provisoire, trois sous contrôle judiciaire.

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« Spéculations »

La plupart des mis en examen viennent d’un quartier populaire de Romans-sur-Isère, la Monnaie, mais pas tous : l’un habite le centre-ville, un autre un village des environs. Tous n’étaient pas des amis proches, mais ils fréquentaient pour la plupart cette cité gangrenée par le trafic de drogues, explique une source proche de l’enquête. Trois sont mineurs, le plus âgé a 22 ans. Cinq ont déjà été condamnés pour des délits, dont un à deux ans de prison avec sursis pour des faits de violences aggravées.

« A ce stade, l’élucidation des faits commis à Crépol n’est pas achevée, a précisé dans un communiqué le procureur de Valence, Laurent de Caigny. Le scénario même des passages à l’acte, les mobiles et l’identification de tous les auteurs des faits ne sauraient se résumer à des dénonciations sans preuve, des spéculations ou des interprétations hâtives dont nombre circulent dans l’opinion publique. »

A l’appui de son appel à la prudence, le magistrat souligne qu’une incertitude demeure sur l’identité de l’auteur du meurtre de Thomas. Le suspect initial, dont le nom a été diffusé par des comptes d’extrême droite, lancés dans une virulente campagne sur les réseaux sociaux, a nié les faits. Surtout, le témoin qui l’avait désigné sur photo ne l’a finalement pas reconnu lors de la parade d’identification. Sur la foi d’indices issus d’autres témoignages, les enquêteurs soupçonnent désormais un autre mis en examen d’avoir tué Thomas.

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