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Le lobbying d’Airbnb pour redorer son image auprès des élus locaux

« Ma maison n’est pas très grande, mais elle m’aide à compléter ma petite retraite. » Dans sa dernière campagne publicitaire, Airbnb met en scène Odile, une senior souriante qui, « comme des milliers d’hôtes, partout en France, arrondi[t] [ses] fins de mois » grâce au géant américain du meublé de tourisme. Il s’agit là de montrer une autre facette de la plate-forme, alors que l’Assemblée nationale s’apprête, à compter du mardi 28 novembre, à légiférer pour réguler plus durement les locations saisonnières. En France, comme dans de nombreux pays, celles-ci sont accusées de contribuer à la pénurie de logements et à la hausse des loyers.

Même argument de l’autre côté de l’Atlantique, où le dirigeant régional d’Airbnb établi à Toronto (Canada), Nathan Rotman, prévient sur le réseau social X que « la réglementation du partage de logement ne constitue pas la solution à la crise du logement au Canada », tout en soulignant que « la majorité des hôtes Airbnb [y] partagent une maison pour compléter leurs revenus ».

Afin de creuser ce sillon, Airbnb a commandé une étude à Strategy&, l’entité conseil en stratégie de PwC, sur l’« impact de la location courte durée en France ». Ce rapport, en ligne sur le site du groupe de San Francisco, constate que les Français ont de plus en plus de mal à se loger. Il met en cause une « baisse des nouveaux logements construits » et une « offre particulièrement grevée par la croissance des logements vacants et, dans une moindre mesure, celle des résidences secondaires ».

Selon l’étude, la France compte un million de meublés de tourisme, mais 48 % d’entre eux sont des résidences principales louées occasionnellement par les propriétaires ou les locataires comme complément de revenu. « Avec cette étude, PwC démontre que le rôle des locations de meublés de tourisme dans la crise du logement est limité », en conclut une porte-parole d’Airbnb.

Remontrances

Les élus des grandes villes et des zones touristiques, sur le littoral ou à la montagne, réfutent cet argument. Les députés en pointe sur le sujet soulignent, par exemple, que 30 % des logements du centre-ville ancien de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) ont été placés sur le marché de la location touristique. Selon eux, il y aurait à Paris entre 15 000 et 25 000 logements résidentiels perdus à cause des locations à court terme.

Airbnb, qui a son stand au Salon des maires et des collectivités locales, a pris, ces dernières années, plusieurs dispositions de nature à redorer son image auprès des élus locaux. Notamment une donation de 5,6 millions d’euros, qui a fait du groupe américain le principal mécène du programme « Patrimoine et tourisme local » de la Fondation du patrimoine. De plus, après avoir, par le passé, déploré la mise en place de mesures de régulation, la plate-forme affirme désormais que sa « priorité est aujourd’hui d’aider les maires qui le souhaitent à se saisir de l’arsenal réglementaire existant ».

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