L’équipe de France de biathlon pouvait difficilement rêver d’un meilleur début de saison. Samedi 25 novembre, à Östersund (Suède), les Bleus ont remporté le premier relais mixte de la saison en dominant la Norvège de Johannes Boe (2e, à 16 secondes) et l’Italie (3e, à 40 secondes). Les Tricolores ont d’abord résisté aux meilleures nations grâce à Quentin Fillon Maillet et Emilien Jacquelin, avant que Justine Braisaz-Bouchet et Lou Jeanmonnot parachèvent le succès national en ne manquant aucune de leurs balles – chaque coureur est passé deux fois sur le stand de tir, pour un total de dix cibles à blanchir.
« Je pense que c’est une des courses les plus abouties de ma carrière. C’était une course où je me suis sentie en pleine possession de mes moyens, a expliqué Justine Braisaz-Bouchet, à l’arrivée au micro de La Chaîne L’Equipe. Il y avait de l’excitation avant la course mais je me suis senti plus calme que d’habitude. L’idée était de prendre du plaisir au tir, comme à l’entraînement. Ce n’est que le début. »
Plus tôt dans la journée, les Françaises avaient déjà commencé leur moisson de l’hiver à l’occasion du relais mixte simple, grâce entre autres à Julia Simon. Vainqueure du classement général de la Coupe du monde en 2022-2023, elle a porté l’équipe de France, qui a terminé troisième lors de la première course de biathlon de l’hiver, à Östersund (Suède). Julia Simon était alignée au côté de Fabien Claude.
Dans ce format ultrarapide, durant lequel les deux membres de chaque équipe effectuent deux relais chacun, pour huit séances de tir au total, Julia Simon a dû composer avec un partenaire moins performant, qui a manqué la cible à neuf reprises et a dû passer deux fois sur l’anneau de pénalité. Les ratés du Vosgien ont cependant été en partie gommés par le dernier passage sur la piste de Julia Simon, impériale sur les skis et qui a arraché le podium au prix d’une belle remontée.
Ce fut insuffisant, toutefois, pour rattraper les Suédois Hanna Oeberg et Sebastian Samuelsson, vainqueurs devant leur public (42 secondes d’avance sur les Bleus). La Norvège de Juni Arnekleiv et Sturla Laegreid a pris la deuxième place, 29 secondes devant l’équipe de France.
Négocier des courses sans fluor
Avec cette course, Julia Simon revient au centre de l’actualité grâce à ses performances sportives, et non pour l’affaire en interne l’opposant à sa compatriote Justine Braisaz-Bouchet. La seconde accuse la première de fraude à la carte bancaire, et a porté plainte contre elle. Julia Simon est suspectée d’avoir utilisé, en 2022, les moyens de paiements de sa coéquipière pour des achats en ligne d’un montant proche de 2 300 euros.
L’enquête pénale n’a pas encore livré de conclusions et la détentrice du gros globe de cristal conteste ces allégations et a porté plainte pour usurpation d’identité. Face à ce climat pesant au sein de l’équipe, Julia Simon, double championne du monde, avait décidé d’effectuer une partie de sa préparation de son côté, à l’écart de ses partenaires habituelles.
Pour la reprise de la saison, l’encadrement tricolore avait donc choisi de limiter les risques de polémique en alignant Julia Simon sur le relais mixte simple et Justine Braisaz-Bouchet sur le relais mixte. Pour cette dernière, championne olympique à Pekin en 2022 et originaire des Saisies (Savoie) – comme Julia Simon –, il s’agit d’un retour à la compétition après avoir donné naissance à une petite fille, en février 2023. Son retour a parfaitement fonctionné, les deux championnes portant chacune leur équipe samedi.
Pour ces premières épreuves de la Coupe du monde 2023-2024, les biathlètes doivent également composer avec une nouvelle réglementation interdisant l’usage du fluor pour farter les skis. Ce produit, massivement utilisé par le passé pour améliorer la glisse des skis, n’est plus autorisé pour des raisons environnementales et de santé. Cette année, les techniciens en charge du fartage repartent donc d’une page blanche. Vu l’excellente performance de Julia Simon, de Justine Braisaz-Bouchet et de Lou Jeanmonnot pour leur première course de l’année, le staff tricolore semble avoir rapidement retrouvé de nouveaux repères.
