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Les économistes du transport face à l’impasse du carbone

Jean Tirole, professeur d’économie, président de la Toulouse School of Economics et lauréat du prix Nobel d’économie 2014, lors du sommet sur le bien commun à l’Université Toulouse 1 Capitole, à Toulouse, dans le sud de la France, le 20 mai 2022.

Cela valait bien une nouvelle association. Les économistes spécialisés dans les questions de transport ont à résoudre l’un des casse-tête les plus difficiles de la transition énergétique : comment faire diminuer les émissions de carbone du secteur ? Ce sont les seules qui n’ont pas bougé depuis l’accord de Paris sur le climat en 2015. Certes, les voitures, camions ou avions sont plus économes en énergie, mais la demande de déplacement ne cesse d’augmenter, ce qui neutralise l’effet positif des technologies. Comment inverser la tendance ? Pour mieux y réfléchir, ils ont formé l’AFET, l’Association française d’économie du transport, qui tient mercredi 22 et jeudi 23 novembre sa conférence inaugurale à l’Ecole d’économie de Paris.

C’est Marc Ivaldi, un des fondateurs de l’Ecole d’économie de Toulouse (TSE) avec Jean Tirole, qui a pris l’initiative de ce regroupement. Longtemps, la recherche sur les transports est restée concentrée autour de deux pôles, le Cerema, un institut public, et le laboratoire Aménagement économie transports (LAET) de l’université Lyon-II. Mais la discipline connaît un renouveau et compte désormais des chercheurs plus jeunes partout en France, qui ont besoin de se rencontrer.

Pour cette session inaugurale, ils vont être aiguillonnés par Katheline Schubert, membre du Haut Conseil pour le climat, à qui l’AFET a demandé un discours d’ouverture. Gare à ceux qui proposeront une politique de prix, type taxe carbone, pour réduire les émissions ou dissuader les Français de prendre leur voiture. C’est la solution « la plus recommandée par les économistes, mais elle l’est uniquement par les économistes ! », rappelle cette spécialiste de l’économie du changement climatique. Depuis la crise des « gilets jaunes », tout le monde l’a compris.

La question de la tarification

L’AFET sortira-t-elle de ce dogme pour proposer d’autres voies ? Un économiste ne se refait pas et la question de la tarification est pour eux essentielle. Ils cherchent toutefois des solutions plus fines, presque individuelles. Isis Durrmeyer, chercheuse à l’Ecole d’économie de Toulouse, a ainsi modélisé plusieurs options pour réduire la circulation dans une métropole comme Paris et recommande in fine un système de péage. Son avantage ? Il procure des recettes qui peuvent être redistribuées pour avoir des politiques d’aide très ciblées, notamment pour l’achat de voitures électriques.

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Carine Staropoli, professeure à l’université Rouen-Normandie et chercheuse à l’Ecole d’économie de Paris, a, elle, utilisé l’économie expérimentale, avec des jeux de rôle, pour démontrer qu’il serait intéressant de sortir du choix binaire : abonnement mensuel (type passe Navigo) ou billet très cher à l’unité dans les transports en commun, et de passer à une « tarification à l’usage », plus individualisée. Comme Katheline Schubert, Marc Ivaldi prévient : « Ce dont on est certain à ce stade, c’est qu’aucune solution unidimensionnelle ne fonctionne, il faut une vision d’ensemble. » Pour que les besoins de transport diminuent, c’est la société qu’il faut changer.

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