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L’agression raciste d’un jardinier dans le Val-de-Marne déclenche une vague d’indignations

« Oh, les gnouls ! C’est chez moi ici, les bourricots. » Filmée par une voisine, mais aussi par la victime, et diffusée par les sites StreetPress et Mediapart, la scène se déroule vendredi 17 novembre, sous une pluie battante, dans une ruelle de Villecresnes, petite ville du Val-de-Marne. Un homme âgé insulte une équipe de jardiniers, qu’il traite de « sales bougnouls ». Ceux-ci sont occupés à charger leur camionnette de branches qu’ils viennent d’élaguer, ce qui bloque le véhicule de l’homme, qui souhaite sortir de chez sa fille, où il était venu faire du bricolage.

Tout en continuant de les injurier, l’homme récupère un cutter dans son véhicule et se dirige vers les jardiniers. Le patron de l’entreprise d’élagage, Mourad, père de famille de 29 ans, a sorti son téléphone pour filmer la scène. Le septuagénaire ouvre violemment la porte de leur camionnette, qui tape contre un muret, puis tente de faire bouger une remorque, sans succès. « Je suis chez moi, alors tu dégages. Retourne chez toi », répète-t-il. « Vas-y, mets-moi un coup de cutter, tout est filmé », s’exclame Mourad, qui suit l’homme en le filmant. Ce dernier fait alors demi-tour et lui assène un coup de cutter au niveau de la gorge, avant de s’enfuir en voiture.

La lame cause une plaie de 15 centimètres au niveau de la gorge, qui vaut à Mourad, rapidement pris en charge par les secours, appelés par sa cliente, quinze jours d’incapacité totale de travail, confirment les services du procureur de Créteil. Le jardinier est aujourd’hui « très choqué », selon son avocat : « Il s’est vu mourir. » Me Hosni Maati assure que la cliente chez qui le jardinier et son équipe élaguaient des arbres avait déjà eu maille à partir avec la fille de l’agresseur présumé pour des histoires de stationnement, et que ce dernier a pu en « faire une affaire personnelle ».

« S’il atteignait la carotide ou la jugulaire, c’était fatal »

Rapidement identifié par la police, l’agresseur présumé, âgé de 76 ans – dont l’avocat n’a pu être contacté –, est interpellé quelques heures plus tard, chez lui, à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne). Placé en garde à vue dans la foulée, il est poursuivi pour « violences avec armes suivies d’incapacité supérieure à huit jours » et « injure en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion », ainsi que pour « dégradation ou destruction d’un bien ».

Une qualification qui « choque » Me Maati, pour qui « on est sur une tentative d’homicide. Cette personne fait un geste et profite d’un moment d’inattention de mon client pour porter un coup de couteau. S’il atteignait la carotide ou la jugulaire, c’était fatal ». Le parquet de Créteil n’est pas du même avis, et estime que « l’intention homicide n’était pas réunie » dans ce cas. Tout en rappelant qu’il n’est pas rare que, dans des cas d’usage d’une arme blanche, un tribunal correctionnel prononce des peines sévères, même en comparution immédiate.

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