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« La mixité sociale ne doit pas s’arrêter aux portes de l’école »

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Fin octobre, la première ministre, Elisabeth Borne, a annoncé une série de mesures sociales à destination des quartiers populaires. Ces mesures s’inscrivent dans le contexte des manifestations de colère de l’été 2023, qui ont frappé de nombreuses villes à la suite de la diffusion d’une vidéo montrant l’arrestation policière ayant abouti à la mort de Nahel M.. La cheffe du gouvernement a notamment inscrit la question de la lutte contre la ségrégation résidentielle à l’agenda politique, affirmant que « toutes les difficultés ne doivent pas être rassemblées au même endroit. La mixité est une chance. Elle est nécessaire ».

Si la lutte contre la ségrégation résidentielle apparaît relativement consensuelle, le projet d’une école moins ségréguée socialement suscite, quant à lui, de vives controverses dans un débat public qui s’est jusqu’alors peu saisi des connaissances produites par les sciences sociales sur cette question. Dans le cadre des réflexions lancées par l’ancien ministre de l’éducation nationale Pap Ndiaye, nous avons produit une note pour l’Institut des politiques publiques, dans laquelle nous synthétisons les apports des recherches les plus récentes en économie sur les effets de la mixité sociale en milieu scolaire.

Ces travaux révèlent, en premier lieu, que les effets de la diversité sociale et du niveau scolaire des camarades à l’école vont bien au-delà des effets observés à court terme sur les performances scolaires individuelles. Une littérature récente suggère que la mixité sociale agit sur le bien-être des élèves, et ce quel que soit leur milieu social d’origine : les élèves exposés à des camarades d’origines sociales plus variées ont des réseaux amicaux plus denses et diversifiés socialement et sont plus confiants quant à leur niveau scolaire et leur capacité à progresser.

Fossé social grandissant entre public et privé

Ces recherches montrent également que la mixité sociale constitue une source d’enrichissement personnel pour les élèves, en favorisant leur développement socio-émotionnel (altruisme, degré de préférence pour l’équité et le partage) et en réduisant la prévalence des stéréotypes sociaux et raciaux. Enfin, certaines études mettent en évidence des effets bénéfiques sur la poursuite d’études supérieures et l’insertion sur le marché du travail, notamment pour les élèves issus de milieux sociaux défavorisés. Ces constats plaident en faveur d’une prise en compte plus systématique de ces effets de long terme dans le débat autour de la mixité sociale à l’école.

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