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De l’extrême droite à La France insoumise, chaque camp instrumentalise son fait divers

Marine Le Pen et Jordan Bardella lors de la marche contre l’antisémitisme, à Paris, le 12 novembre 2023.

Un adolescent tué dans un petit village de la Drôme, un jardinier agressé en étant la cible d’insultes racistes en banlieue parisienne : lundi 20 novembre, le chef de file de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, et celle du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, les deux principales figures de l’opposition à Emmanuel Macron, ont chacun réagi à un récent fait divers. Mais pas le même, car chacun avait l’intention de servir son propre message politique.

Dans le cas du jardinier agressé au cutter, dans le Val-de-Marne, le 17 novembre, par un septuagénaire le traitant de « sale bougnoule », LFI voit la preuve d’un acte « arabophobe », selon le terme utilisé par M. Mélenchon ; dans la mort du jeune homme de 16 ans, à Crépol, après l’assaut d’une fête de village par des agresseurs armés de couteaux, qui a également fait huit blessés, l’extrême droite veut lire l’irruption dans les villages de la violence des cités et de populations immigrées. Une instrumentalisation d’un fait divers destinée à sa propre clientèle électorale.

Marine Le Pen et ses proches n’ont pas réagi à l’agression dans le Val-de-Marne. Jean-Luc Mélenchon et ses soutiens n’ont rien dit du mort de la Drôme. Sur les réseaux sociaux, de Discord à Telegram en passant par X et son algorithme qui enferme dans une bulle cognitive, chaque communauté commente et se passionne pour « son » fait divers, sans avoir même entendu parler de l’autre.

Le député (LFI) de la Somme François Ruffin s’en est désolé, mardi 21 novembre, dans un message sur le réseau social X tentant de réconcilier les agressions de Thomas, à Crépol, et de Mourad, à Villecresnes. « Une ambiance pesante, insidieuse, non dite, règne dans les médias, sur les réseaux sociaux : comme s’il fallait choisir son camp, selon l’origine réelle ou supposée des victimes ou des agresseurs, écrit-il. “Etre Thomas” ou “être Mourad”. Bref, comme si, qu’importent les sujets désormais, la règle était devenue l’hémiplégie, la demi-cécité dans notre humanité. »

Le flou demeure sur l’identité, l’origine et les motivations des agresseurs dans la Drôme, selon les propos du procureur de la République de Valence, qui a précisé, lundi soir, qu’« il est faux d’affirmer que le groupe hostile serait composé d’individus tous originaires de la même ville et du même quartier ».

Une supposée rivalité entre deux France

L’extrême droite n’a cependant pas attendu pour tenter de donner un caractère ethnique à ce fait divers. Marine Le Pen l’a présenté comme une « razzia », un mot d’origine arabe qui renvoie d’abord aux incursions arabo-musulmanes des temps anciens. Et elle semble prendre pour acquis l’origine et les motivations des auteurs, parlant de « personnes issues de l’immigration » se livrant à « de véritables descentes punitives dans des villages ».

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