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Pierre-Yves Bournazel, conseiller municipal : « Les Parisiens ne doivent plus être des sous-électeurs »

Il est temps d’assurer à Paris l’égalité des citoyens, la clarté démocratique et la légitimité du maire. Trois raisons pour lesquelles le maire de Paris doit désormais être élu directement. S’il est vrai que le maire n’est jamais élu au suffrage universel en France, et que seul l’est le conseil municipal qui choisit ensuite l’édile parmi ses membres, le mode d’élection du maire de Paris est en vérité doublement indirect. En votant pour une seule liste avec un seul bulletin de vote, les Parisiens choisissent au même moment, et sans distinction possible, d’un côté leurs élus d’arrondissement, et, de l’autre, quelques membres du Conseil de Paris, ceux-là mêmes qui éliront le maire de Paris.

Un double filtre sépare donc l’électeur parisien de son maire. Il est d’abord peu démocratique car il peut créer une situation au sein de laquelle un candidat minoritaire en voix sur l’ensemble de la ville peut devenir majoritaire au Conseil grâce à l’élection des conseillers de Paris dans les arrondissements. Il pourrait ainsi, comme l’ont montré les calculs publiés par l’ancien député Eric Diard dans sa proposition de loi no 3307, devenir maire de Paris en remportant seulement huit arrondissements sur les vingt et 31 % des voix à l’échelle de la ville !

Ce scrutin est inégalitaire car chaque électeur n’a individuellement pas le même poids selon l’arrondissement dans lequel il vit. Au lieu de rechercher une majorité d’électeurs, le prétendant à la mairie de Paris recherche une majorité de conseillers. Cela conduit à des stratégies territoriales opportunistes : séduire en priorité certains arrondissements, ceux qui sont gros pourvoyeurs en sièges au Conseil, et délaisser les autres qui en élisent moins.

Mode dérogatoire

Il est, en conséquence, démobilisateur, chaque voix n’ayant pas la même portée selon votre opinion politique et votre arrondissement. Si vous votez pour une liste qui perd au niveau de l’arrondissement, celle-ci n’enverra pas un nombre de conseillers de Paris proportionnel à ses suffrages. Votre voix, pour Paris, n’aura compté pour rien. Un électeur de gauche dans le 15arrondissement, ou un de droite dans le 10e, n’a pas d’intérêt à s’investir. Rien ne justifie la persistance de ce mode dérogatoire d’élection, qui ne concerne que Paris, Lyon et Marseille, et qui a été pensé par l’ancien ministre de l’intérieur Gaston Defferre en 1982, avec pour seuls objectifs de s’assurer une réélection dans la cité phocéenne et de fragiliser Jacques Chirac dans la capitale.

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