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« Longtemps considérée comme mourante, la plus vieille banque du monde sort du purgatoire »

Le logo de la banque Monte dei Paschi di Siena est visible sur la vitrine d’une succursale du centre-ville de Rome, le 9 février 2017.

C’est en 1472, vingt ans avant que Christophe Colomb découvre l’Amérique, que les magistrats dirigeants de la République de Sienne créent un mont-de-piété pour aider les populations déshéritées. Deux siècles plus tard, elle obtient la garantie de son nouveau maître, le grand-duché de Toscane, et devient la banque Monte dei Paschi di Siena (le mont des pâturages de Sienne).

Longtemps considérée comme mourante, la plus vieille banque du monde sort du purgatoire. Ses derniers bons résultats, propulsés par la hausse des taux, ont permis à l’Etat italien de lancer en beauté sa campagne de privatisations. Rome a annoncé, lundi 20 novembre, avoir cédé 25 % de la banque sur les marchés pour 920 millions d’euros.

Une bonne affaire relative, puisque Rome avait pris le contrôle de la banque en 2017, après y avoir injecté 5,4 milliards d’euros et promis à Bruxelles de s’en désengager à terme. Mais il s’agit tout de même d’un petit miracle pour le gouvernement Meloni, qui en avait bien besoin.

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Les investisseurs, qui financent la colossale dette du pays – 140 % du produit intérieur brut (PIB) –, n’avaient pas apprécié en septembre la présentation du budget 2024 de l’Italie, qui promet à la fois des baisses d’impôt, des dépenses nouvelles et un report au-delà de 2027 du retour à un déficit budgétaire maîtrisé (3 %, selon Bruxelles). Il est prévu à 4,3 % du PIB pour 2024. En conséquence, l’écart des taux d’intérêt avec l’Allemagne a atteint jusqu’à deux points de pourcentage en octobre. Rome emprunte à plus de 4,3 %, quand Berlin se finance à moins de 3 %.

Perspectives pas flamboyantes

C’est alors qu’un autre miracle s’est produit. L’agence Moody’s, dont on attendait qu’elle plonge son appréciation de la dette italienne dans l’enfer de la catégorie spéculative (junk), a finalement choisi de ne pas changer sa note, et même d’améliorer sa perspective d’évolution, de négative à stable, grâce à l’impact du plan d’aide européen de 200 milliards d’euros. Ce n’est pas le Pérou, mais cela a suffi à détendre les taux et l’écart avec l’Allemagne, véritable thermomètre du stress des marchés, à 1,7 point de pourcentage.

Ces deux miracles successifs n’annoncent cependant pas le printemps en automne. Les perspectives de l’économie italienne ne sont pas flamboyantes et le problème de la dette ne sera pas résolu par la campagne de privatisations amorcée par la célèbre banque toscane. Le gouvernement en attend 20 milliards d’euros.

Les ventes d’actions de Telecom Italia, ITA (anciennement Alitalia), ENI ou La Poste, ne suffiront pas. Et, dans le meilleur des cas, ce ne sera qu’une goutte d’eau dans l’océan de 2 800 milliards d’euros de dette du pays. Il faudra plus que la renaissance d’une très vieille dame pour sortir la Péninsule du marasme et du surendettement.

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