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A l’heure du sport promu grande cause nationale, les sénateurs pointent « le fossé entre les déclarations et la réalité » des moyens

La ministre des sports, Amélie Oudéa-Castéra, et l’ancien joueur de rugby de l’équipe d’Afrique du Sud Tendai Mtawarira lors de l’arrivée de la coupe Webb Ellis, à Gennevilliers (Hauts-de-Seine), le 31 mai 2023.

« Beau slogan », « soutien avant tout cosmétique », « traduction budgétaire insuffisante »… Alors que la pratique physique et sportive a été décrétée grande cause nationale en 2024 et que les premiers développements de cette initiative seront présentés par la ministre des sports et des Jeux olympiques et paralympiques (JOP), Amélie Oudéa-Castéra, lundi soir au monde sportif et mardi 21 novembre aux élus locaux (lors du Salon des maires à Paris), les sénateurs n’ont eu de cesse, quelques jours plus tôt, de souligner l’« énorme fossé entre les déclarations et la réalité » des efforts mis en œuvre par l’Etat en faveur du sport.

Dans la foulée du rapporteur pour avis, Jean-Jacques Lozach (Parti socialiste), la commission de la culture, de l’éducation et de la communication a ainsi émis, le 15 novembre, un avis défavorable à l’adoption des crédits dévolus au sport dans le projet de loi de finances pour 2024.

La grande cause nationale a notamment été l’une des cibles des sénateurs, issus de quasiment tous les bords politiques. A leurs yeux, cette opération risque de n’avoir que très peu d’effet tangible sur la pratique sportive au quotidien. « La moitié des crédits sera affectée à des actions de communication. Ce sera insuffisant pour permettre aux Françaises et aux Français, de plus en plus touchés par la sédentarité, de revenir sur le chemin de la pratique sportive », déplore le sénateur Claude Kern (Union centriste).

Le gouvernement a prévu de consacrer 5,5 millions d’euros à une campagne de communication, à la labellisation de projets et événements, ou encore à la mobilisation des élus, du mouvement sportif, des entreprises… A cette somme s’ajouteront 5 millions pour le financement de projets et événements autour du sport.

« Une vision de long terme est nécessaire »

Plus largement, c’est « le décalage avec l’ambition de bâtir une nation sportive », affichée depuis 2022 par le président de la République, Emmanuel Macron, que pointent les sénateurs. Ils en veulent pour preuve la faiblesse des moyens dévolus au sport par l’Etat (0,18 % du budget total) et leur évolution.

Pour 2024, « le programme sport [hors JOP] augmente de 8 % [à 889 millions d’euros], ce qui représente 60 millions d’euros supplémentaires. Mais il comporte 51 millions de dépenses directement liées aux Jeux olympiques et donc non reconductibles », souligne Jean-Jacques Lozach, qui, tout comme Michel Savin (Les Républicains), évoque un budget « en trompe-l’œil ».

Ce n’est pas la trajectoire des finances publiques jusqu’en 2027 qui est de nature à rassurer les sénateurs. « La question de l’héritage des JOP se posera dès la mi-2024, puis en 2025 », fait valoir Mathilde Ollivier (Europe Ecologie-Les Verts). Amélie Oudéa-Castéra a confirmé que les crédits de paiement dévolus à la pratique sportive baisseront de 130 millions d’euros en 2025 et 2026. Malgré tout, la ministre a mis en avant la stabilité des autorisations de paiement et déclaré avoir l’assurance d’« une absence de décrochage ».

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