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A la manifestation contre la libération du policier ayant tiré sur Nahel M., de nombreux appels à l’action politique

D’habitude, la place Nelson Mandela, une dalle de béton entourée de voies routières à Nanterre, attire peu les foules. Mais dimanche 19 novembre, dans l’après-midi, quelque cinq cents personnes, selon la préfecture de police, s’y étaient rassemblées pour protester contre la remise en liberté, quelques jours plus tôt, du policier auteur du tir mortel sur Nahel M. en juin. Le lieu est doublement symbolique, car à quelques mètres du tribunal, mais aussi du poteau où la voiture conduite par l’adolescent s’est encastrée après qu’il a été touché.

Perchée sur un banc devant une annexe du tribunal protégée par quelques policiers, Mounia, la mère de Nahel M., a partagé son incompréhension face à la décision des juges d’instruction de mettre fin à la détention provisoire du policier auteur du tir – qui reste mis en examen et sous contrôle judiciaire. « Le matin, quand je me réveille, je n’ai plus [la] voix [de mon fils], (…) je n’ai plus [son] sourire, dit-elle les larmes aux yeux. [Le policier], il a enlevé deux vies, il m’a tuée aussi ». Pendant une heure trente se sont succédé les prises de parole des amis de Nahel, des proches d’autres personnes décédées des suites d’une intervention policière et des personnalités associatives et politiques – interventions entre lesquelles la foule scandait « Justice pour Nahel » et « Pas de justice, pas de paix ».

Parmi les orateurs, Rose Ameziane, présidente de l’association Mouvement pour l’émancipation des territoires. « Pour certains Français, [la mort de Nahel] n’est qu’un fait divers, a-t-elle déclaré. Mais tous les jeunes ici, qui crient leur douleur, savent qu’ils peuvent être le prochain ». Quarante ans après la Marche pour l’égalité et contre le racisme, en réaction à plusieurs crimes racistes des années 1970-1980, la jeune femme regrette que la situation ne se soit pas améliorée. Et d’appeler à l’action : « Il est inadmissible que dans quarante ans, on en parle encore. Le futur est entre vos mains, vous n’avez pas le droit de passer à autre chose. »

« L’injustice, elle est là depuis toujours »

Un discours qui a touché Saida, 70 ans, keffieh autour du cou, et son amie, Assma, 68 ans, venues de Paris. Cette manifestation contre « le racisme de la police » est loin d’être leur première, expliquent-elles, mais elles restent « outrées que rien ne change », même si « à leur âge, il ne reste plus grand-chose à faire que de manifester ».

Sur le banc qui servait d’estrade, nombreux furent les appels à l’action politique. « Ce que nous demandons aujourd’hui, c’est qu’enfin des mesures soient prises (…) comme la refonte totale du système policier, déclare Mornia Labssi, inspectrice du travail membre de la CGT. Aux jeunes, je leur dis “Prenez les urnes, faites de la politique” ». Deux députés La France insoumise de Seine-Saint-Denis, Jérôme Legavre et Thomas Portes, ont pris la parole pour exprimer leur « soutien » à la famille et présenter leur future proposition de loi « visant à abroger l’article L.435-1 du code de la sécurité intérieure » qui permet depuis 2017 aux policiers de tirer dans le cas d’un refus d’obtempérer, notamment lorsque le conducteur « est susceptible » de les mettre en danger.

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